PIRON Isabelle

Discipline(s)
Graveur, Plasticien/ne, Textile
Informations de contact
Mme Isabelle PIRON
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Localisation

Statut
Artiste-auteur
N° MDA ou Agesssa
PB16410
Mon Histoire

En 2012, je rencontre une couturière. Elle me propose du tissu ; je tombe sous le charme de cette matière. Aussitôt j’adopte, j’assemble, je couds, je déchire,je froisse, je plie, je tisse, je brode.Je dessine avec l’aiguille de la machine à coudre que je laisse filer.
La couture à la main procure une autre énergie, un autre mouvement, un autre rythme.
J’aime le travail instinctif, poétique, mais néanmoins réfléchi.
Je joue avec l’aiguille, comme avec les mots, texte-textile, écriture-broderie,aiguille-crayon…
Le fil est très présent dans mes tableaux que ce soit pour les gravures les arbres ou bien dans mon travail textile, ce fil qui nous lie, nous retient et nous libère et il répare les tissus, il rapièce et brode.
le fil rouge, le fil de la vie comme cette phrase l’aiguille du temps fil du cœur.
Je mène des recherches sur le corps et notamment celui des femmes depuis 2019, les seins .

La conscience qu’on est là, le tissu au seuil de l’intime.
Parties d’un tout.
Modelé avec des matières textiles différentes et des cravates ornées de motifs floraux. Dévoiler en sourdine les questions de genre. Rehaussé de perles, de soies et de dentelles.
Se glisser sous la peau. Sous cette couche protectrice, la vie et ses aplats de chair, roses, rouges, laiteux. Tissus organiques jouant avec de fins vaisseaux, fibres vitales plus ou moins denses, reliant le mamelon au corps absent.
Subtils passages d’une toile épaisse à un mouchoir brodé, d’écheveaux à la relique d’une nuisette. Le sein. (Sylvie Lagnier, docteure en histoire de l’art).

Article paru dans le Livre Artistes Occitanie, les 30 artistes 2024
Sète
Isabelle Piron
Quand l’artiste femme se réapproprie le sein, à dessein

Isabelle Piron est femme, artiste polymorphe. Femme du fil, ellle redonne ses lettres de noblesse à ce qui a pu caractériser la femme jusqu’ici: sa poitrine, mais aussi les ustensiles qui ont fait son quotidien: le fer à repasser, le trousseau, le mouchoir brodé. La femme et l’artiste refait le monde, mais cette fois-ci comme elle l’entend.

Le trousseau… Il fut un temps où la famille du marié examinait autant la future épouse que son trousseau. La femme et ce qu’elle apportait: un trousseau pour ce qui est matériel, et des talents dont l’homme avait besoin pour le reste: la couture, la cuisine, le soin des enfants.
Isabelle Piron part de ce quotidien vécu par nos ancêtres pour se le réapproprier. Elle va plonger dans les trousseaux pour en sortir de vieux mouchoirs, des morceaux de broderie, de vieilles blouses, elle va y rajouter du fil, des boutons, et présenter sa version à elle de la femme et de ce qui la caractérise désormais.
Avant toute chose, elle choisit de décliner à l’envi l’attribut féminin par excellence, la poitrine. Mais chez Isabelle Piron, le sein est constitué d’un amas de vieux tissus auquel elle donne forme et qu’elle dote d’un bouton ou autre pour le téton.
“Mon travail autour du textile et du corps des femmes a commencé il y a quelques années, précise aujourd’hui l’artiste. Je détourne des tissus et objets pour leur donner un autre sens, j’utilise les matières textiles, napperons ou serviettes brodées, le savoir-faire des générations précédentes pour faire un travail de mémoire qui passe par le recyclage. J’ai par exemple confectionné un service de seins sur des serviettes de table, car finalement la femme elle-même faisait partie du trousseau! Mais j’ai aussi mis les seins dans un écrin: même s’ils sont chiffonnés, ils resteront toujours précieux”.
Aujourd’hui, devant la montagne de textiles qui asphyxie la planète, la tendance est au ”upcyclage’, qui consiste à donner une deuxième vie aux objets. Mais la démarche artistique d’Isabelle Piron donne une autre dimension à ce que le textile produit: il ne s’agit pas de réutiliser de manière fonctionnelle, il s’agit de s’attacher à des tissus anciens qu’on n’a pas toujours considéré pour ce qu’ils sont: des dentelles faites à la main, des robes en organza, des draps avec les “chiffres” de leurs propriétaires. Autant d’éléments qui racontent une vie, des vies “et surtout, précise l’artiste, “des travaux que je ne sais pas faire. Les reprendre, et les utiliser pour valoriser la part féminine de ces travaux, cela me semble avoir du sens. Je n’en refais pas des vêtements, je les magnifie, je leur donne un statut d’œuvres d’art, qui inclut mon travail mais qui inclut aussi celui des femmes qui m’ont précédée et qui ont rendu ces bouts de tissu précieux”.
Avec tous ces matériaux, plus variés les uns que les autres, l’artiste peut décliner le sein à l’infini. Quel qu’il soit, il présente toujours un intérêt, qu’il s’agisse “du sein pomme d’amour, du sein en poire du Maine-et-Loir, du sein tombant, etc. Je veux aussi rendre hommage à ces seins malmenés par la vie, de la maternité à la maladie, au cancer pour être tout à fait précis”.

Avec son travail d’aiguille, Isabelle Piron s’inscrit dans un art militant, poétique mais également féministe: il s’agit de se réapproprier ce qui a trop longtemps été un objet qui n’avait d’autre attrait que de séduire. Il s’agit aussi de faire un travail d’art-textile, artisane du fil et de l’aiguille, un travail de la main, visible, parfois maladroit, avec des rebuts qui ne se cachent pas. “On peut parler d’écriture de l’aiguille”, précise l’artiste.
La grandeur de l’objet n’est pas dans la rareté des matières ni dans la virtuosité de la couturière, qui devait autrefois réaliser des choses si fines que son travail ne se voyait pas.
ici, tout est apparent: il y a des perles et de la dentelle. “Pour sublimer ces objets du quotidien, ce savoir-faire, je répare, rapièce, brode, froisse (le lin, le coton, la soie, le cuir, le velours)”.
Dans le même ordre d’idée, l’artiste aime aussi se réapproprier des objets trop longtemps cantonnés à l’univers de la femme, pour les transformer en parure. Parmi eux, le fer à repasser, la jeannette…
Comme elle crée des seins avec trois bouts de textile, elle va coller de la fourrure sur la semelle du fer, faisant de celui-ci un objet tout doux qu’on peut se passer sur le visage et non plus une surface dure qui peut être froide quand il n’est pas branché et brûlante quand il l’est. Et puis, pour que ce fer soit vraiment un objet féminin, elle lui rajoute quelques bouts de fourrure sur le fil, histoire de transformer celui-ci en collier potentiel. Le fer à repasser, oui, mais à condition que la femme se l’approprie pour en faire ce que bon lui semble.
Un savoir-fer spécifique, en somme.

Anne Devailly

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VERBATIM
Ce sein, cet attribut, comme une parure, un collier un bijou précieux Des tableaux érotiques, sensuels et vivants.
Mais aussi des seins plaisirs, et d’autres parties intimes de dames comme ces ouvrages, fait de petits bouts de tissus, précieux et secrets. Une peau, l’habit une seconde peau de l’extérieur à l’intérieur, réparer , rapiécer, broder, froisser, le lin, le coton, la soie, le cuir, le velours, les dentelles, tulles…
L’acte de coudre est un processus de réparation émotionnelle «Louise Bourgeois»
Deux seins comme ceux de Sainte Agathe, soit en céramique soit ceux de la comtesse avec ce collier de perles de cultures.
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BIO
Milieu prolétaire. Pas d’artistes dans la famille
Isabelle Piron sera aide-soignante en milieu hospitalier pendant dix ans. Elle va s’investir dans l’art après quelques problèmes de santé. Le changement se fait de manière progressive mais réfléchie: “Je me suis lancée dans l’art petit à petit. Je suis autodidacte, mais j’ai voulu me professionnaliser, j’ai pris des cours du soir, je me suis perfectionnée, et j’ai toujours eu des gens qui m’ont soutenue”.
De quoi être en mesure aujourd’hui de présenter son propre trousseau, un trousseau artistique qui rend hommage à toutes les femmes qui l’ont précédée.

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Expositions, Galeries, Musées ...
Expositions(s) personnelle(s)
Des Arts & des femmes MÈZE 2023

À Fleur de peau Salle IZZO FRONTIGNAN 2022

2016 et 2018 : Open space galerie à Sète. Du noir et du blanc

2019 Résidence d'artiste au Piano tiroir à Balaruc les Bains La note bleue

2020 Es art factory Montpellier 2020

Atelier ouvert au public
Oui
Adresse de l'atelier

49 rue de la liberté 34200 SETE

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle