MESCHIA Sylvian

Discipline(s)
Céramiste, Calligraphe
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Mr. Sylvian MESCHIA

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Mon Histoire

Céramiste et calligraphe

Sylvian Meschia a construit pas à pas une oeuvre qui mêle céramique et écriture. La céramique porte la calligraphie, mais ce sont les signes gravés sur la surface qui dotent chaque pièce de céramique d’une histoire particulière.

L’oeuvre actuelle de Sylvian Meschia ne s’est pas faite en un jour. Chaque décennie a apporté son lot d’apprentissage, de formation, de découverte pour aboutir à ses céramiques ou l’artiste a trouvé la symbiose entre la forme de l’objet et les écritures qui en recouvrent la surface. Retour sur un parcours d’exigence.
Sylvian Meschia est né dans une famille où l’artisanat était une valeur reconnue, appréciée: avec un père et un grand-père tous deux menuisiers, il a pu apprécier le travail manuel, le contact des outils, tout en regrettant assez vite que cette ambiance d’atelier ne s’accompagnât pas d’une dimension artistique. Une frustration pour lui qui, lycéen, passait beaucoup de temps à créer des bandes dessinées…
C’est sans doute le point de départ de son parcours: trouver la solution pour concilier travail artisanal et dimension artistique.
Il y parviendra même s’il faut pour cela emprunter des chemins de traverses: encore lycéen, Sylvian Meschia a la chance de visiter l’atelier d’un verrier connu, Henri Guérin. Le travail du verre lui plaît tellement qu’il lui demande comment faire pour marcher dans ses pas. J
Henri Guérin l’emmène alors à l’abbaye de Tournay, dans les Pyrénées, travailler aux côtés d’un de ses amis verrier. Mais les deux hommes manquent de chance, le moine qui s’occupait du vitrail venait de tomber malade.
“A partir de là, il a fallu improviser! se souvient Sylvian Meschia. Le père abbé cherche une solution et me parle de l’atelier céramique, également au sein de l’Abbaye. Voilà comment, au lieu d’apprendre le vitrail, j’ai appris la céramique: auprès d’un moine d’une grande richesse humaine, dans une équipe de 5-6 personnes où chacun était tributaire de l’autre. Dans cette Abbaye bénédictine, on travaillait tous en silence. J’y suis resté un an, en vivant le même rythme que les moines: les matines à 3h du matin, par exemple…”.
Sylvian Meschia se perfectionne ensuite au contact d’un céramiste de la région, Loul Combres, puis part en Tunisie travailler une année entière auprès des potiers de Djerba. C’est à leur contact qu’il va devenir un tourneur expérimenté et découvrir les décors aux engobes.
Une fois installé dans son atelier de Rieux-Volvestre, il perfectionne cette technique vers un marbré jaspé qui trouve tout de suite son public, mais elle ne permet que de petites pièces, ce qui ne satisfait pas l’artiste qui va donc chercher d’autres voies.
Pour la première fois, l’écriture fait son apparition: “J’ai réalisé des céramiques en y gravant des textes d’auteurs que j’appréciais, Houellebecq, Jim Harrison, etc. Déjà, je superposais les textes: c’était très beau, mais c’était limité. J’avais besoin de la richesse de la matière. Il fallait encore chercher”.
Sylvian Meschia va donc plus loin, et une fois de plus, l’avancée artistique va passer par des voies détournées. A cette époque, alors qu’il atteint la cinquantaine, il ressent un besoin viscéral de renouer avec la terre de son enfance, l’Algérie ou il a vécu ses dix premières années. “Je ne ferai finalement jamais ce voyage (la période ne s’y prêtait guère), mais cette ‘passion algérienne’ m’emmène un jour à retrouver au grenier familial un carton de cahiers d’écriture en arabe littéraire tenus enfant à l’école. Ce fut un véritable choc, comme retrouver mes racines. J’ai recopié ces écritures avec un calame, juste pour la beauté graphique”.

L’artiste creuse cette piste. Il assemble les pages, il superpose, il s’intéresse aux effets graphiques, bref il exploite les possibilités offertes par cette calligraphie, libre puisqu’il n’en avait plus le sens.
Et petit à petit, il se libère de ces lettres arabes pour créer au pinceau des signes qui évoquent aussi bien les caractères arabes que japonais.
Pour utiliser ces nouveaux signes sur la céramique, il part d’une céramique cuite et blanche. Sylvian Meschia pose alors cinq ou six engobes de coloration différentes, les unes après les autres et encore frais, il grave avec ses instruments les “lettres” pour retrouver le blanc, des traces de couleurs sous-jacentes apparaissant sur les bords de chaque signe.
La technique le satisfait et l’artiste décide alors de créer un véritable alphabet de signes, qu’on retrouvera ensuite sur ses oeuvres dans des ordres différents mais qui font tous référence à un même univers: “Mes signes relèvent d’un alphabet imaginaire, une ‘calligraphie automatique’, mais on peut imaginer qu’il s’agit d’un alphabet inconnu”.
Tolkien avait créé un alphabet pour les elfes dans le monde du Seigneur des anneaux. Sylvian Meschia, lui, invente des signes sans imaginer la grammaire ou le vocabulaire qui va avec, mais l’idée est la même: partir de quelque chose de signifiant (l’écriture), le détourner de son usage premier mais en garder l’idée qu’on peut communiquer quelque chose au travers de ces signes. Comme un de ces palimpsestes antiques, ces manuscrits constitués d’un parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau..
L’artiste ne montrera le fruit de ce travail qu’en 2005. Il lui aura donc fallu cinq ans pour parvenir à des résultats qu’il juge digne d’être exposés.
Aujourd’hui, la richesse de son alphabet apparaît pleinement en lien avec les pièces qui les portent : sur les grandes urnes cuivrées, ocres ou bleu, elles s’intègrent dans un univers oriental de manière évidente. Sur les grandes pièces noires, l’univers devient extrême-oriental. Le message est, lui, universel et intemporel.
Anne Devailly, 2020

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
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