MEDARD Dominique

Discipline(s)
Dessinateur/trice, Graveur, Peintre
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Mrs. Dominique MEDARD

Localisation

Mon Histoire

Les plaisirs renouvelés du quotidien

Il n’est pas évident de rafraîchir son regard sur ce qu’on a tous les jours sous les yeux: un bon livre, un verre de vin, un chat qui ronronne sur des étoffes soyeuses. Dominique Médard ne cherche pas de nouveaux sujets, mais s’efforce au contraire de renouveler sans cesse son regard sur ce qui l’entoure. Une gageure au moins aussi complexe.

Des femmes. Des femmes entourées de fleurs et de tentures, de chats espiègles et d’oiseaux, de livres et de verres de vin. Le monde de Dominique Médard est avant tout un monde de plaisirs sensuels, d’hymne aux joies simples du quotidien.
Mais pour parvenir à exprimer ses émotions, l’artiste joue de toutes les techniques possibles: dessin, peinture, calligraphies, écritures. Et surtout, la gravure, depuis qu’elle a découvert cette technique il y a une vingtaine d’années.
Les oeuvres sont exubérantes, mais l’artiste privilégie pourtant la gravure sur bois, la plus sensuelle avec les rainures de la matière qui interviennent de manière plus ou moins aléatoire dans l’impression finale. “Le bois m’oblige à faire des lignes épurées”, précise l’artiste.
A partir d’une matrice de gravure, elle imprime ensuite sur différents papiers de soie, papiers du Japon et autres pelures suffisamment fines pour ensuite les découper, les inverser, les recoller entre elles. Une forme en génère alors plusieurs, dans un entrelacs que l’artiste va parfois réhausser de couleurs ou de traits pour parfaire la fusion.
Cette technique lui permet de renouer avec l’univers dans lequel elle a baigné enfant, elle qui avait une mère brodeuse et une grand-mère couturière: elle découpe, assemble, colle. (1. visuel du 30 mars 2020, republication du 30 mars 2015):
Les lignes s’interpénètrent, fusionnent, les corps sont deux mais ne sont qu’un. Parfois, les lignes mélangent d’autres motifs, (2. “Femme du Boukornine au chat noir“), les rayures du canapé sont aussi celles du chat qui s’est assoupi dessus. “Je me sers de mes estampes comme si c’étaient des découpages, des collages. Je fabrique ma propre matière”, dit l’artiste, dans un hommage sans cesse réaffirmé à Matisse, ses couleurs et ses papiers découpés.
Voilà ce qui donne ce sentiment de complétude devant les gravures de Dominique Médard: les choses ne forment plus qu’un. Comme les traits fusionnent dans ces oeuvres, le plaisir de vivre, le plaisir de créer et le plaisir de partager se rejoignent, donnant une joie de vivre fortement communicative.
“Je parle de moi et de mon univers: les objets, les tapis, les lampes sont aussi importants que les personnages. D’ailleurs, j’ai organisé un peu mon atelier autour de mes tapis, des kilims que j’ai disposés avant d’installer les meubles et tables, à angle droit autour du tapis”.
Et quand, de temps en temps, une oeuvre annonce un sujet d’une gravité différente, l’artiste ne change pas pour autant de style. Quand elle s’attaque à la Tentation, Dominique Médard représente non pas Eve, mais Eve et des amies qui jouent de manière sensuelle avec des serpents, Eve gardant la pomme en guise d’oreiller “pour pouvoir la croquer quand elle en aura envie”. Rien de grave dans ce sujet tiré de la Bible. Bien au contraire, la tentation dans le jardin des délices n’est qu’une fête des sens. Le péché n’est pas encore là. (Eau forte + monotype, poudrés de laiton – 25 x 15 cm, oeuvre publiée le 7 avril).
Même chose dans la série basée sur son environnement immédiat, Carnet du Causse Blanc, ou l’on trouve une oeuvre intitulée Sous les tournesols les pesticides. Le paysage baigne dans une atmosphère paisible, toute en harmonie pastel. Mais le titre annonce tout autre chose. Le paradis là aussi sera peut-être bientôt perdu.
INTER L’art du livre
Parmi les plaisirs de la vie, la lecture occupe chez Dominique Médard une place à part. Par le biais de ses expositions, notamment en Tunisie, l’artiste a pu rencontrer des auteurs et commencé à travailler avec eux. Une galerie tunisienne, librairie-galerie Mille feuilles à La Marsa, lui a notamment demandé d’illustrer Le Captif amoureux, dernier livre de Jean Genet, écrit après le massacre des camps palestiniens de Sabra et Chatila. Dominique Médard va réaliser pour cette occasion sept gravures représentant des corps masculins en destruction qu’elle accompagne de peintures sur papier représentant des corps en chute.
De là, elle en vient à réaliser des livres d’artistes, objets rares qui allient un texte et une oeuvre plasticienne dans un nombre d’exemplaires limités. De sa rencontre avec Alain Nadaud, va sortir un Petit catalogue des nations barbares, texte bref évoquant Attila et une litanie de peuples barbares imaginaires qui permet à Dominique Médard de graver des corps, des chevaux, une flore exubérante, etc.
S’émerveiller du quotidien n’empêche pas de s’émouvoir de ce qui ne tourne pas rond. Bien au contraire.

BIO

Née à Paris, Dominique Médard est bercée dès son enfance par l’univers de la mode, entre une grand-mère première d’atelier chez Elsa Schiaparelli et une mère brodeuse chez Lanvin. Les tentures sont partout, et l’artiste s’en imprègne pour le restant de ses jours. Elle étudie aux Beaux-Arts de Toulouse, et commence à travailler dans le textile avant d’enseigner les arts plastiques dans un collège de Cahors.
Expositions nombreuses et sur tous les continents: Tachkent (Ouzbékistan), Miami, Italie, Roumanie, Bruxelles, mais avant tout, dans les deux lieux où elle vit et travaille, le Sud de la France et la Tunisie, – avec plus récemment un pied au Maroc, grâce à la librairie-galerie tenue par Stéphanie Gaou à Tanger, Les insolites.

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle