Tout en étant comédien (sous le nom de Didier Mahieu) et scénographe (sous le nom de Mahi), de profession, j’ai exercé une activité artistique plus solitaire en travaillant dans mon atelier et en exposant.
Puis, je me suis posé quelques questions théoriques sur mon activité. J’ai commencé à (ré)ouvrir des livres de philosophie – section esthétique/art – et, de question en question, de livre en livre, je fus comme happé par cette discipline, m’inscrivis à l’Université de Rouen, et finalement, passai avec bonheur une licence de philosophie.
Parallèlement, telle la femme de Loth transformée en statue de sel, je ne pouvais plus tracer une ligne, choisir une couleur, sans me poser des questions sur mon geste, j’avais perdu la nécessaire innocence, j’étais littéralement figé, pétrifié. J’arrêtai alors toute production plastique tout en créant la Collection philosophie de chair, série de spectacles sur des textes de grands philosophes. Tout cela dura une quinzaine d’année, théâtralement productive, pendant laquelle mon abstinence plastique, dans les actes bien réelle, n’était pourtant pas définitive dans mon esprit : j’avais toujours l’envie de m’y remettre tout en étant bloqué par mon questionnement un peu trop intellectuel, c’est-à-dire un peu idiot.
Je sais aujourd’hui que l’innocence est perdue à jamais, mais il y a quelque chose en moi d’irrépressible qui doit s’exprimer par de-là les mots, avec les formes, la matière. J’ai donc repris, mes outils en essayant d’oublier que je ne suis plus innocent. L’art brut m’est désormais inaccessible. Essayons l’art semi-brut.
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