LOMBARD Elisabeth

Discipline(s)
Dessinateur/trice, Graveur, Collage
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Mme Elisabeth LOMBARD

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Mon Histoire

Présentation de l’artiste et de son travail publié dans le livre Artistes Occitanie: les 30 artistes 2022

Toulouse

Elisabeth Lombard
Entre tissage et métissage, morceler pou rebâtir

Les toiles d’Elisabeth Lombard plongent leurs racines dans les civilisations les plus anciennes, basées sur un répertoire de signes et d’éléments figuratifs qui interpellent encore aujourd’hui. Il en advient des œuvres qui parlent de voyages fédérateurs, dans le temps ou dans l’espace, lorsque s’impose à tous l’importance d’un nouvel Exotisme de proximité.

La couleur grisée du lin de la toile reste apparente par endroits. S’y côtoient des profils ou se mêlent humains et animaux, en un répertoire de taureaux, chèvres, ânes. Et pour compléter ce qui apparaît déjà comme une fresque intemporelle, des motifs récurrents: réminiscence d’azulejos ou d’anciennes céramiques persanes, de tapis, de bâtisses sorties des mille et une nuits. Parfois même, quelques calligraphies énigmatiques, présentes autant pour le sens caché que pour la ‘danse du trait’.
Il en résulte quelque chose d’harmonieux, tel un monde émergeant doucement de la toile, chaque chose trouvant sa place naturellement dans l’espace. “Et si le regardeur y voit du Décoratif, je l’accompagne dans cette appréciation, car je recherche effectivement cette harmonie de tons et de propos pour le séduire et l’amener ensuite plus loin”.

Tout cela s’imbrique pour former un univers intemporel, sur les traces d’un paradis perdu: chamanisme, animal-totem, animaux aux yeux d’humains, humains indifférenciés au menton-galoche: la bête retrouvant ici ses lettres de noblesse.

L’inspiration emprunte aux mythes, à la route de la soie, aux enluminures médiévales, aux folies de jardins du XVIIIe.
De ce socle d’éléments culturels archaïques plutôt empreints d’une certaine nostalgie se dégage résolument un optimisme, qui tient sans doute à l’aspect fédérateur de l’œuvre. Certes, la peinture d’Elisabeth Lombard plonge ses racines dans le passé, mais cette fusion des civilisations, ce “melting-pot” contemporain permet d’apprécier cette cohérence qui émerge de la profusion : ce petit carré de toile où cohabitent humains et animaux, bribes de civilisations diverses et prestigieuses, est bien la preuve que cette entente sur terre reste de l’ordre du possible. Les langages ne sont pas si différents les uns des autres: “Je vois ces références, dont j’abreuve mes toiles comme une mémoire commune de réflexions universelles, mystiques”, précise l’artiste.
Elisabeth Lombard a pris bien des chemins détournés pour arriver au style qui la caractérise aujourd’hui. Elle s’est tout d’abord orientée vers des études d’architecture. Maisons fantasmées, que reste-t-il de cette passion pour l’art de bâtir? “Je fais toujours appel à des villes imaginaires. Le bâti reste présent sous une autre forme: c’est la trame qui organise l’espace de la toile, qui la structure avant que le motif n’émerge et ne rejoigne l’architecture dans ses contraintes car de la contrainte naît la forme”.
Dans le cadre de cette rigueur première, l’artiste se laisse ensuite guider par des gestes spontanés, exécutés sans croquis préparatoires, qui sèment un faux désordre et brouillent le fil de la ‘narration’, laissant au regardeur la libre interprétation de ses voyages. L’inspiration puise dans une “bibliothèque de matrices”: profils, silhouettes dessinées/encrées que l’on retrouve ainsi d’une toile à l’autre: “J’utilise pigments et médiums sur un papier de riz qui vient de Chine et qui se prête au jeu du marouflage, des repentirs, des transparences, des rajouts d’encre bus”.
Et passant de l’eau sur la toile tendue, elle esquisse à grands traits de fusain mouillé. Calame de bambou, encres, pierre noire, indigo, papiers peints imprimés aux tampons et revisités aux crayons de cire complètent l’outillage. “Quand je peins, il me faut écouter. Récits voyageurs, fictions et autres réflexions philosophiques: j’ai besoin d’être nourrie par l’oreille pour créer dans un état de conscience modifié”.
Ce travail d’artisan mené avec des outils rudimentaires permet de faire naître une image qui dépend de la précédente et va en inspirer une nouvelle. L’idée peut alors se déployer sur une série de 6 à 8 toiles.
Cette technique est en cohérence avec l’univers représenté: nourri de différentes cultures, son trait emprunte à différentes écritures, de la ligne claire à la ligne grasse qui “défigure dans l’élégance et mène la forme à l’acceptable de son informe”; suggère une lecture de ses oeuvres inspirée de l’écriture arabe comme en témoignent ces profils meneurs d’intrigue, tournés vers la gauche.

En parallèle, Elisabeth Lombard mène un travail sur les masques, commencé bien en amont de la crise sanitaire et l’arrivée de ceux-ci sur tous les visages. L’artiste souhaite lui donner de la visibilité, en contre-point de son activité de peintre. Et mener de front image peinte et “hors-champ”: masques, gris gris, statuettes ou ‘laideurs’ bariolées, trouées, ficelées: “Ainsi la séduction qui s’expose se nourrira-t-elle en hors cadre de racines et d’exotisme remanié”.

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BIO

Architecte de formation. DEA paysage et territoire. Quatre années en atelier collectif, Beaux Arts de la ville de Paris, sous l’exigence de Martin Bissière, peintre abstrait lyrique.
En 2003, quitte Paris, par Lyon et Pau pour Toulouse.
En parallèle de sa création personnelle, Elisabeth Lombard encadre des publics en fragilité: malades d’Alzheimer, résidents des foyers Adoma (ex-Sonacotra), personnes en maison de retraite.

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle