LACQUEMENT Hélène

Discipline(s)
Plasticien/ne
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Mme Hélène Lacquement
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Artiste-auteur
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Mon Histoire

Dis-koleos, ou la disparition de la nature en œuvre d’art.
“Immergés dans un cabinet de curiosités tout en couleurs, détails, entourés de petites choses délicates qu’on soupçonne être vivantes. Nous-y voilà. Lorsqu’on se retrouve face à l’œuvre d’Hélène Lacquement, Dis-koleos, le contraste entre la délicatesse de ses gestes plastiques et la dureté de la réflexion nous capture.”

(Alessandra MONACHESI RIBEIRO, psychanalyste, docteur en théorie psychanalytique sur le corps et le féminin dans l’art contemporain à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, recherche post-doctorale à l’École de Communication et des Arts de l’Université de São Paulo et au Centre de Recherche sur l’Art et le Langage de l’EHESS à Paris)

Dans son roman “L’homme qui savait la langue des serpents” l’écrivain estonien Andrus Kivirähk* imagine que les humains habitant la forêt primitive parlent le langage des animaux par l’intermédiaire de sifflements. Ce dialogue privilégié avec la nature est désormais rompu, l’extinction massive actuelle des espèces due à l’activité humaine ravivant la question cruciale des relations complexes que nous tissons avec le vivant. Ainsi, jour après jour, inexorablement, des milliers d’espèces d’insectes disparaissent de notre environnement.

“Diskoleos” (du préfixe dis qui marque la séparation, la négation, et koleos, du grec étui, à l’origine du mot coléoptère) propose un cheminement visuel visant à nous questionner sur cet effacement progressif. Scarabées, papillons, coccinelles et autres insectes issus de notre imaginaire collectif deviennent les protagonistes d’une installation mêlant matériaux organiques et artificiels, papiers découpés et estampes.

Le visiteur découvre des boîtes entomologiques, des cloches en verre, vides, ou habités par des scarabées en papiers, se confondant parfois avec le support sur lequel ils reposent, vagues souvenirs de collections d’un musée d’histoire naturelle antédiluvien. Sur les murs, l’écriture manuscrite des noms des insectes fait écho à ces collections. Inventorier les espèces, prononcer leurs noms, comme un acte militant pour lutter contre notre amnésie collective. Le caractère doux et la texture de la technique du monotype confère ici un aspect quasi fantomatique, réminiscences d’êtres vivants …

Un peu plus loin, scarabeus sacer devient le personnage d’une tragédie miniature en cours. Roulant modestement sa boule de bouse, émergeant des feuilles mortes qui jouent avec l’ombre et la lumière, il se transforme peu à peu en un être de papier diaphane, sans relief. De son existence antérieure seule demeure la connaissance de sa séquence d’ADN, tracée en arrière-plan, et son nom, issu de son origine divine, “Holy ghost”.

*Roman traduit de l’estonien par Jean-Pierre Minaudier, Editions le Tripode, 2013

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Ci-dessous, article publié dans le livre Artistes Occitanie, les 30 artistes 2023, paru en novembre 2022.
Quatrième volume de la série Artistes Occitanie, les 30 artistes de l’année.
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Des choses qui existent, ont existé ou pourraient exister, c’est selon. Car l’artiste aime jouer avec le vrai et le faux. Quand elle représente des scarabées ou coccinelles dans de petits papiers découpés et mis en volume, par exemple : “ Je respecte les formes des animaux, c’est ma façon à moi de les respecter ”, mais ensuite, l’artiste finit par enrichir le monde proposé par la nature : elle varie les textures ou les matières et propose in fine son propre bestiaire. L’artiste part du réel pour créer de nouvelles espèces, voire de nouvelles matières.
Mais un bestiaire en résonance avec la catastrophe environnementale que subit aujourd’hui la planète: ses coccinelles se décolorent progressivement et passent d’un rouge étincelant à un papier blanc qui n’imprime plus la couleur.
Avec le scarabée, l’artiste est allée encore plus loin. L’animal sacré des Égyptiens devient, avec son œuvre intitulée Holy ghost (fantôme sacré), “ l’archétype des relations complexes que nous tissons avec le vivant. L’insecte roulant modestement sa boule de bouse, enfoui sous les feuilles mortes qui jouent avec l’ombre et la lumière, se transforme peu à peu en un être de papier diaphane, sans re- lief, quasi fantomatique. De son existence antérieure seule demeure la connaissance de sa séquence d’ADN, tracée en arrière- plan, et son nom, issu de son origine divine, Holy ghost ”. Et cette séquence ADN elle-même s’efface peu à peu.
Parfois les cadres deviennent vides. L’approche est la même avec les mono- types. Dans sa série Carrés de Méditerranée, elles propose des oeuvres faites d’empreintes, d’encres, de végétaux, pour obtenir une nature mise sens dessus des- sous, où les animaux – scarabées, mammifères – seront réduits à de petites choses par rapport à des feuilles nervurées, fragiles donc, mais dont l’empreinte est sur-dimensionnée.
Pour traiter cette précarité de la nature, voire cet effacement, de nombreux matériaux semblent pertinents, mais avant toute chose le papier. “ Je collectionne des feuilles issues de la récupération. Ce matériau transformé conserve la puissance de l’arbre, mais offre également une relative fragilité reflétant celle des écosystèmes. C’est le papier, sous la forme de matériau flexible et durable, qui est au commencement de tout ”.
A ces papiers texturés, l’artiste peut parfois rajouter des calques, du PVC, et tout ce qui peut induire des jeux de transparence. Ou encore des lambeaux arrachés à des vieux livres, comme des traces d’un vécu qui a disparu.
C’est avec tous ces éléments que l’artiste jongle pour rendre compte de la fragilité du vivant. Elle assemble, colle, découpe, pour redonner vie à cette nature. En renouant avec la nature, elle renoue également avec ses origines familiales : “ Ma grand-mère était couturière. Et finalement, ce que je fais aujourd’hui n’est guère différent: je fais une dé- coupe numérique et un dessin vectoriel quand elle faisait un patron, je travaille comme elle la forme, le trait, la mise en volume. Elle le faisait avec du fil, des aiguilles et des épingles pendant que j’utilise les ciseaux, la colle, ou des encres ”.
Pour Hélène Lacquement, tout est donc affaire de transmission. Une transmission qui est doublement importante: en tant qu’artiste, mais également en tant que biologiste, qui fut son premier métier avant de choisir de s’adonner à la création.
Et le thème des insectes est pour cela un bon vecteur : “ Je le vois quand j’expose mon travail. La vision des insectes a quelque chose de libérateur, ces petites bêtes font parler les gens. Quasiment tout le monde a une anecdote à raconter sur les insectes. Ce thème permet d’instaurer un dialogue ”.
Là encore, une affaire de liens qui se nouent. Renouer les liens avec la nature est aussi ce qui la motive dans le travail avec les jeunes,
Hélène Lacquement intervient régulièrement avec des enfants, dans un cadre scolaire ou autre, et aime faire avec eux un travail suivi. À Canet, l’artiste les a vus pendant deux mois et demi tous les mercredis.
“Ce que je constate aujourd’hui, c’est que les enfants n’adhèrent pas de manière automatique à des thèmes liés à la Nature, en tout cas les enfants de plus de huit ans. Cela me confirme dans le fait que nous sommes en train de perdre le lien avec ce qui était naturel pour les générations précédentes et qu’il y a urgence à renouer ces liens avec le vivant ”.
Un constat d’autant plus amer qu’à l’inverse, elle rencontre une vraie fascination pour la nature chez des enfants plus jeunes : “ Les enfants plus petits, 5 ou 6 ans, sont fascinés par les insectes et les petites bêtes. C’est même incroyable : une fourmi passe dans un coin, et c’est fini, on ne les tient plus!”
Comme si ce lien, spontané, simple, quasi-inné avec la nature, s’efface donc petit à petit avec l’âge. On ne peut s’empêcher de penser que si ces liens s’effilochent, c’est tout simplement parce que la nature elle-même et toute sa diversité tend petit à petit à disparaître.
Pour ceux qui s’y refusent, des petites bêtes en papier peuvent ouvrir la porte sur de grandes réflexions.

Anne Devailly

Expositions, Galeries, Musées ...
Expositions(s) personnelle(s)
Du 9 au 30 octobre 2021, La 9e édition de la Science de l’art en Essone, « Déséquilibres » (sur sélection, exposition individuelle)

Du 1 au 3 octobre 2021, « L’art s’invite à Magrie »(sur sélection), 19e édition, Magrie (11)

Du 25 au 30 octobre 2021, « Transparences » , 7e édition du concours de la galerie La Ralentie, Paris

Atelier ouvert au public
Oui
« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle

Œuvre en vente spéciale
Ma sélection
Titre
sans titre

Description

Scarabés de papiers découpés, dorés, récupérés … pour un cabinet de curiosité très particulier … Osez !!!
Dimensions 27 x 27 cm – Envoi soigné, photos supplémentaires possibles, n’hésitez pas à me contacter via Art majeur ou FB.


Prix
95,00€