JACQ Philippe

Discipline(s)
Peintre, Plasticien/ne, Textile
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M. Philippe JACQ

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Mon Histoire

Article publié dans le livre Artistes Occitanie, Les 30 artistes 2023, publié en novembre 2022
Cet ouvrage est le quatrième volume de la collection Artistes Occitanie, les 30 artistes de l’année
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Montpellier
Philippe Jacq
L’art de tisser les liens

Philippe Jacq a beaucoup fait ses valises quand il était enfant, tout simplement pour suivre ses parents au gré des affectations de son père, professeur : il a ainsi vécu en Algérie, au Maroc, à Istanbul, tout en revenant se ressourcer de temps à autre dans le berceau familial, à l’extrême ouest de la
Bretagne.
Chacun de ses endroits possède son propre univers, ses propres créations, mais celles-ci font toutes partie des souvenirs du peintre en devenir, et vont se retrouver plus tard au centre de son travail.
L’artiste le dit clairement en faisant le lien entre ses années d’enfant à Oran et son travail actuel. Enfant dans la ville algérienne, il se rappelle jouer au foot avec un ballon bricolé à base de lanières de la chambre à air d’une roue de vélo. Il jouait ensuite avec ses copains sur un terrain tracé à la craie dans la poussière du sol.
“ Nous jouions. Je continue à jouer aujourd’hui dans mon atelier, en intégrant tout le passé qui me relie à cette enfance : les découvertes d’autres mondes cosmopolites, l’East End de Londres, le Chinatown de Paris, le quartier de Kreuzberg à Berlin. Notre société est multi- ethnique, multi-croyances et mon art en est le reflet ”.
Que faire de tous ces souvenirs quand on fait oeuvre d’artiste? Les choses sont venues en fait progressivement, mais le tournant s’est opéré au début des années 2000 avec un travail important fait à partir de tapis de prière sur lequel il décide de réintervenir : c’est la série des grandes mosquées. A partir de tapis de sources, de couleurs et de formes diverses, il découpe, retisse, intègre des éléments de patchwork. Un travail lié à son passé nomade, mais pleinement ancré dans un présent connu de tous : nous sommes au début du XXIè siècle, les tours new-yorkaises se sont
écroulées. Philippe Jacq va intégrer des avions dans les tapis de prière dans une symbolique qui parle à tout le monde.
Et puis il continue, et noue des fils de plus en plus serrés entre les différentes cultures qu’il connaît, jusqu’à se créer un univers cosmopolite correspondant à son existence.
Dans son atelier aujourd’hui, Philippe Jacq a de quoi se laisser inspirer par les matières, les motifs, les couleurs d’objets variés qui lui sont tous plus ou moins familiers, avec une prédilection pour les éléments textiles : tapis du Haut Atlas marocains, de Grande Kabylie, mais aussi petite tapisserie fait à la main par de jeunes filles en Europe, tee-shirts, drapeaux, serviettes de plage, peaux de bête, mais tout aussi bien affiches et pots de peinture. Toutes les combinaisons sont possibles.
Et détail ultime : les pelotes de laine ou de fil avec lesquelles il intégrera quelques fils brodés pour bien unir le tout.
En utilisant ces éléments, Philippe Jacq renoue les liens de son existence au sens propre comme au sens figu- ré. Voilà comment il lui paraît simple et évident d’intégrer des chameaux dans le paysage new-yorkais, par exemple, pour une oeuvre intitulée tout simplement : La traversée du Pont de Brooklyn par des lamas péruviens.
Pour y parvenir, l’artiste a coupé le pont en deux, a terminé un chameau présent sur une broderie par des coups de peinture pour lui donner l’apparence de franchir le pont. Et pour qu’émerge une nouvelle unité, l’artiste rajoute des fils brodés qui vont faire tenir ensemble les morceaux de cette nouvelle histoire.
“ J’utilise la broderie un peu comme un pinceau ”, précise Philippe Jacq. Le travail allie le détournement avant la fusion. Fusion des origines, fusion des techniques, fusion des thématiques pour un nouvel univers. Sur ces éléments assemblés, l’artiste va, si le besoin s’en fait ressentir, travailler au pinceau, à l’acrylique ou avec toute sorte de pigment, pour rajouter des motifs ou écrire tout simplement ce que lui inspire les nouvelles scénographies. Car le fait d’utiliser des tapis implique déjà la coexistence de motifs décoratifs, souvent abstraits, et de motifs plus figuratifs. S’il l’estime judicieux, l’artiste va rajouter quelques éléments d’écriture.
Dans ce syncrétisme spontané, l’imagerie populaire et les icônes religieuses se mélangent, fusionnent pour donner une nouvelle image. La danseuse du ventre peut ainsi devenir surfeuse. La broderie, souvent faite de gros fils de couleurs vives, s’affiche, montrant que la main de l’homme garde le dessus, sera toujours là pour unir les contraires.
Un travail roboratif et finalement optimiste, qui vise à montrer que sinon l’harmonie, du moins le dialogue est toujours possible avec des éléments de provenance diverses, aussi bien dans l’espace que dans le temps.
Bref, Philippe Jacq crée son œuvre en se laissant porter par ce qu’il trouve sur son chemin. De la même manière, ce sont les circonstances qui ont récemment donné une nouvelle direction à son travail : pendant le confinement lié au Covid, l’artiste a ressenti le besoin de quitter la ville pour se retrouver en bord de mer au bout du Finistère. “ C’est comme cela que j’ai finalement renoué avec la peinture : je n’avais évidemment pas déménagé tout mon atelier, les tissus, les tapisseries, etc. Et du coup, j’ai fait ce qui était beaucoup plus simple : re-prendre la peinture ”.
Une fois de plus, l’artiste se laisse porter par ce que l’existence lui apporte.
“ Finalement, je ne cesse de voyager. Et quand ce n’est pas physiquement, c’est par le biais de l’art ”.
Anne Devailly

BIO BIO BIO BIO

Né en 1971. Enfance en Algérie, au Maroc, en Turquie au gré des affectations de son père.
Beaux-Arts de Metz, Arts déco à Strasbourg.
Vend assez vite dans les Frac des grandes installations en céramique. Réalise de nombreux films expérimentaux dont des portraits d’artistes, plasticiens ou musiciens qui ont fait l’objet de nombreuses publications. Vit quelques temps aux Etats-Unis.
Depuis 2001, installé à Montpellier, il se consacre entièrement à son travail de plasticien.
Représenté par les galerie de Claire Corsia, Paris et Henry Boxer Gal- lery, Londres, la Pop galerie à Sète.
En septembre 2022, l’artiste expose dans une galerie de Mexico. L’artiste est représenté par la galerie Delphine Courtay à Strasbourg et la galerie Claire Corcia à Strasbourg.

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle