GERBAUD-LAMBERT Véronique

Discipline(s)
Peintre
Informations de contact
Mme Véronique GERBAUD-LAMBERT

Localisation

Mon Histoire

Article publié dans le livre Artistes Occitanie, les 30 artistes 2023, paru en novembre 2022.
Quatrième volume de la série Artistes Occitanie, les 30 artistes de l’année.

Véronique Gerbaud-Lambert
Des paysages impossibles et familiers

Véronique Gerbaud-Lambert peint en se laissant guider par ce qui va advenir. C’est ainsi qu’elle avait commencé la peinture par des thèmes assez surréalistes. “ Et petit à petit l’humain s’est effacé du paysage. Le paysage est pour moi, encore aujourd’hui, le fil qui nous relie tous. Un sfumato. Une histoire entre le flou et le précis. Il ne faut pas que tout soit défini, pour que chacun puisse s’y trouver ”.
D’où cette impression de continuité avec le paysage depuis les arrières-plans que l’on peut trouver chez Léonard de Vinci pour n’en citer qu’un. Dans la peinture italienne aussi, les paysages étaient fantasmés, les Toscans n’hésitant pas à transformer les collines de leur région en montagnes dignes des Alpes, mais ce paysage était au service d’une histoire portée par des personnages, souvent pris dans l’histoire religieuse. Ici, rien de tout cela : le paysage est là pour lui-même.
Luxuriant, il est par nature vivant, les espèces se multipliant sous le pinceau du peintre sans aucun souci. Par- fois, des fleurs, des oiseaux apportent des touches de couleur et de vivacité, mais ils se fondent dans l’ensemble sans devenir le sujet principal.
Pour parvenir à ces impressions, à ce sfumato qui apporte ce mystère à la toile, l’artiste travaille en mêlant pigments à l’huile et eau, sur le principe de l’émulsion. “ Je mélange la tempera (mélange du pigment avec l’oeuf) à l’huile avec de l’eau. Je fais en quelque sorte une tempera grasse: de l’oeuf, de l’huile et de la résine. C’est une approche très pragmatique. Cela a aussi l’intérêt de ne pas contenir de solvant ”.
Le sfumato donne l’ambiance générale, mais un regard plus attentif montre que l’artiste a pris des libertés avec la botanique, pour les arbres et plus encore pour les fleurs. “Je pars de choses réelles pour représenter une fleur, et puis je m’en éloigne. L’essentiel est que la fleur s’intègre à la toile, réelle ou pas ”.
L’artiste réalise ces paysages luxuriants, ces forêts exotiques fantasmées sur des toiles finalement assez modestes, sans lien en tout cas avec l’opulence du sujet : des petits formats, parfois plus imposants mais qui ne dépassent jamais le 150 x 160. “ Au-delà, mon atelier ne le permet pas ! ” précise l’artiste, pragmatique.
De temps en temps, elle opte pour un tondo, ces toiles rondes, qui là encore la relient à la peinture italienne de la Renaissance : “ Il y a évidemment un côté un peu ancien dans le tondo, mais au-delà, je trouve que cette forme ronde convient bien au paysage, comme si on les voyait en collant son oeil sur la surface d’un hublot. Cela rend le paysage plus proche, finalement” précise Véronique Gerbaud-Lambert.
Pour réaliser ces paysages et les varier en permanence, cette artiste fait confiance à sa main : “ Je pars directe- ment le pinceau à la main et je me laisse guider sans idée préconçue.
Dans mes paysages, je trouve souvent le moyen de représenter de l’eau : des rivières, des fleuves, des étendues, lacs ou étangs. Mais cette eau n’est jamais très transparente. Et il n’y a pas de trace d’humanité. Les paysages sont luxu- riants, mais ce n’est pas non plus l’éden ”, précise-t-elle.
Mystérieuses et familières, les forêts de Véronique Gerbaud-Lambert sont avant tout un hymne à une nature encore vierge de toute dégradation.
Anne Devailly

VERBATIM
“ De nos lectures anciennes à la mémoire incertaine, ou, du souvenir de nos rêves engourdis naissent parfois des paysages vaporeux aux brumes magiques, un monde où les Hauts de Hurlevent côtoient et se mêlent aux montagnes des contes japonais. Dans cet entre-deux flou et mystérieux se dessinent les paysages de Véronique Gerbaud Lam- bert.
Des visions éphémères de paradis imaginaires ou de paradis perdus. Une nature fertile qu’on imagine verdoyante mais qui ne se livre jamais totalement, où la couleur elle- même s’offre avec parcimonie, par éclat, mais sans exubérance. Arbres et fleurs surgissent du flou des lointains comme de petits feux d’artifices inattendus.
De petites touches de couleur, à la délicatesse de porcelaine, presque transparentes, suffisent à Véronique Gerbaud Lambert pour nous projeter dans cet imaginaire suspendu. Ancrée non pas dans une tradition, mais nourrie d’histoires (d’histoire), sa peinture est à la fois classique et contemporaine. l’artiste trace son chemin non pas à l’image d’un sillon, mais à pas feutrés, légers et silencieux, avec l’humilité des grands maîtres. Une peinture délicatement sophistiquée où la technique n’est jamais démonstrative, simplement maîtrisée ”.
Thierry Dalat

Au sujet du visuel en noir et blanc du lapin
Et entre deux toiles…
Entre deux toiles, l’artiste s’essaie à une autre technique, le noir de fumée, avec lequel elle réalise des oeuvres d’une précision technique impressionnante et d’un réalisme à mille lieux de ses toiles.
“ C’est un travail que je fais entre deux toiles : je dépose de la suie avec une bougie sur un globe en verre et je “ grave ” avec des pinceaux très fins. La suie est très volatile, cela demande une grande concentration pour l’exécution, et finalement cela me détend. Cela ne se fixe pas. Je ferme le globe pour qu’il ne contienne pas d’air et cela suffit. Je ne sais pas si cette technique existe dans l’histoire de l’art, mais j’avais découvert le travail de Patrick Neu et j’ai eu envie d’essayer. Mais je n’ai pas avec ces noirs de fumée de prétention de création ”.

BIO
Véronique Gerbaud-Lambert est née en 1958 à Garches. Elle a étudié à l’École Supérieure des Arts Appliqués Duperré. Elle vit et travaille aujourd’hui dans l’Aveyron.
Son parcours professionnel l’a ensuite éloigné de l’art, même si, en parallèle, elle a toujours trouvé du temps à consacrer à la peinture. Représentée depuis 2021 par la galerie Brûlée à Strasbourg, la galerie Felli à Paris et la galerie Glineur sur l’île de Ré.
A exposé à l’Atelier Noir de Thierry Dalat à Albi, et « ses expositions ont beaucoup compté pour faire connaître mon travail ».

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle