Franck NOTO
Expliquer Franck Noto en évoquant son passé de graffeur serait presque trop réducteur pour définir l’artiste qu’il est aujourd’hui. Sans toutefois l’ignorer, le propos va plus loin et c’est bien l’artiste contemporain qui se dévoile sous nos yeux.
Celui qui souhaite comprendre l’artiste, doit avant tout s’intéresser à l’homme.
Numa Hambursin avait déjà cela en tête lors de sa venue dans l’atelier de Franck Noto, il y a quelques années. Leur discussion oscillant entre les fondements de cette culture urbaine et les “passerelles évidentes qui existent entre la rue et l’institution”, les deux hommes se rendent compte non seulement qu’ils “parlent le même langage” mais qu’ils partagent une sensibilité tout à fait particulière. Et c’est en effet ce qui caractérise Franck Noto : une sensibilité palpable qu’il nourrit des émotions et sentiments ressentis jour après jour. Elle se loge dans la banalité d’une journée comme les autres – banale pour nous sûrement, mais lui en retire toujours une forme d’unicité, planant quelque part entre sa tête et sa main qui retranscrit l’énergie du moment.
Jamais en appui sur la toile, toujours en lévitation, c’est le geste qui se nourrit de l’état physique et psychologique qui habite l’artiste au moment précis où il projette la matière sur la toile.
Franck Noto fait partie de ces artistes qui luttent pour expliquer leur intention, puisque pour lui c’est la peinture qui est vectrice du message. Dans un cheminement interne qui lui est propre, où les émotions se mêlent aux énergies, le moment choisi de la retranscription est aussi crucial que le geste employé.
Vient le temps de l’éclosion.
Ce qui a été emmagasiné ne demande qu’à sortir dans une accumulation de particules de peinture suspendues dans les airs et déposées sur la toile de lin dans un rythme imposé de manière inconsciente, presque automatique. Car la maîtrise de ce geste n’est pas constante, et l’artiste se retrouve parfois dépossédé de ses moyens menant à l’expression d’une humeur singulière mais d’une authenticité brute, sans contrôle aucun mais dans un lâcher prise certain. Série après série, cette danse entre l’artiste et la toile se peaufine : il se débarrasse peu à peu du superflu pour ne garder que l’essentiel et faire l’éloge du trait, une ode au geste, un peu comme une étude scientifique qu’il mènerait depuis toutes ces années, un véritable travail de fond sur l’impact d’un état émotionnel sur un geste puis sur un trait.
À l’instar du chercheur qui ne compte plus les heures passées dans un laboratoire en quête d’un résultat ou d’une avancée, c’est à l’atelier que Franck Noto façonne sa pensée et précise son intention. Celle de dire beaucoup avec peu, avec un simple trait, son universalité et ses caractéristiques. Ce trait primitif que l’on connait tous, que l’on a tracé dès l’enfance sans se soucier de son aspect, que l’on a gribouillé sur un coin de papier sans réfléchir. Franck Noto construit son univers autour de lui et en fait le messager de ses émotions.
Les années où il arpentait les rues sont peut-être derrière lui mais il en conserve néanmoins l’énergie, le cran et ce soupçon de désinvolture nécessaire pour s’autoriser la liberté d’explorer, de tester, de changer. Jamais en appui, toujours en mouvement.
Rédaction : Laura Mari.
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