DUPLAIX Catheri

Discipline(s)
Dessinateur/trice, Graveur, Collage
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Mme Catheri DUPLAIX

Localisation

Mon Histoire

Présentation de l’artiste et de son travail parue dans le livre Artistes Occitanie: les 30 artistes 2022

Sigean (11)
Catheri Duplaix
Naissance et renaissance

Chez Catheri Duplaix, un sujet revient souvent sous son trait: la maternité, le foetus. Un sujet éternel, que l’artiste aime traiter par le biais des encres et de la gravure, une de ses techniques de prédilection, qui se prête parfaitement au sujet: la gravure permet de dupliquer plusieurs fois une planche, tout en donnant des résultats toujours différents, comme chaque naissance est une répétition du vivant, mais sous une forme sans cesse renouvelée.

La matrice prend ici tout son sens. La matrice féminine (du latin “mater”, la mère), l’organe qui, chez la femme contient le produit de la conception jusqu’à la mise au monde, fait corps avec la matrice de la gravure, cette planche de bois ou de métal qui reçoit une empreinte particulière en creux et en relief, permettant de la reproduire.
Mieux encore quand l’artiste travaille l’estampe à bois perdu: une technique différente de la gravure sur bois classique, par le fait que l’artiste retravaille sa plaque de bois entre chaque passage de couleurs, supprimant alors dans la plaque la partie qui vient d’être imprimée. Il faut donc imprimer toutes les feuilles à chaque couleur. Une fois tout le tirage imprimé, l’artiste ne peut réutiliser la plaque. On grave, on imprime, avec une même planche qui se transforme au fur et à mesure du travail. On avance, c’est sans retour possible. Comme la sortie du foetus, de sa matrice mère.
“Cela fait plus de dix ans que je travaille sur la femme enceinte, Félicité in utero. C’est plus fort que moi, je vois la naissance comme un passage dramatique: dès que le foetus sort, il doit se sentir en danger. Je crois même que si je dors toujours avec quelque chose qui touche mon front, c’est sans doute parce que cela renvoie à la dernière position du foetus connu, avant sa naissance, son expulsion de ce cocon protecteur”.
L’identique, la répétition, la nouveauté, des questionnements toujours présents dans ce travail qui s’interroge en permanence sur le miracle de ce renouvellement sans pour autant s’extasier devant : le vivant se renouvelle, mais pourquoi ? comment? Que fait-on de ce miracle?
Ce thème de l’apparition de la vie, du foetus la conduit assez facilement vers des thèmes mythologiques et l’artiste en convient parfaitement: “Finalement, je m’intéresse assez peu au présent”.
Voilà une oeuvre qui plonge davantage dans les racines de l’humanité que dans l’actualité immédiate. On y croise Eve, Adam, Lilith et autres personnages bibliques, mais vus et interprétés avec un regard contemporain: la nature humaine et ce qu’on en a fait.
Les encres cousues montrent ainsi une histoire avec son personnage central, et des fragments de vie qui l’entourent. Parfois, au centre, le personnage central est un foetus ou un crâne, comme un “avant” ou un “après” le vivant, et les scènes qui se déroulent tout autour montrent un monde fragmenté, sans que l’on sache si c’est celui qui attend ce foetus, ou celui qui l’entoure dans le moment présent. Le présent, l’avenir, difficile de distinguer. Il reste un monde fracturé, recousu faute de mieux par le travail de l’artiste. Tout se tient, mais dans une fragilité qui se donne à voir. (les coutures sont souvent de fil rouge).
Cette vision intemporelle de l’humanité, comme un monde fracturé et peu lisible, n’empêche pas l’artiste de le représenter aussi dans le monde actuel, par le biais d’objets du quotidien.
C’est la série du Cycle de vie, où chaque boîte met ensemble l’enfance, l’âge adulte et la mort, avec des contrastes recherchés dans les matériaux employés.
Un foetus gravé, encore tout recroquevillé, mais déjà attendu par une armée de femmes-poupées barbie, caricature d’une humanité qui fait tout pour gommer ses différences. Et ce foetus central voit déjà, avant même de naître, se profiler le crâne qu’il sera une fois terminé son passage sur terre. L’oeuvre a un côté Pop art, mais le message reste le même qu’avec les gravures plus sobres, à l’ancienne.
Dans d’autres, le crâne ou le squelette symbolisant la mort est peint à même le verre qui ferme ce cadre. On voit d’abord les bébés, puis la représentation de l’âge adulte, avant que l’oeil ne zoome sur cette partie avant, qui était là depuis le début mais ne se laissait pas voir. Et comme avec la gravure, Catherine Duplaix a choisi de multiplier ces boîtes faites de techniques mixtes, au point de donner maintenant une trentaine de versions de ce triptyque naissance-vie-mort où à tour de rôle l’un des éléments joue le rôle principal.
La création est obsessionnelle. Celle de l’individu à naître comme celle de l’artiste en train de créer.

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ENCADRE
Les encres, les collages, la plupart des variétés de la gravure
Catheri Duplaix travaille beaucoup chez elle, dans son atelier. Et elle se rend régulièrement à Toulouse à l’atelier de la Main gauche, pour parfaire les techniques et utiliser des presses.
L’artiste pratique aussi bien l’aquatinte (gravure sur cuivre recouvert de vernis et attaqué à l’acide), que l’estampe sur bois. “J’aime quand cela reste spontané, brouillon, même avec le bois. Et avec l’aquatinte, on a parfois des résultats aléatoires sur les nuances de gris, cela fait partie de la création”. Elle choisit ses papiers en fonction de chaque technique, papier japonais léger qui met en valeur la transparence de l’encre, papier hanji de Corée du Sud, en fibre de mûrier, etc.

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Bio
Ingénieur, Catheri Duplaix a longtemps travaillé comme urbaniste tout en suivant en parallèle une formation poussée dans le domaine artistique, jamais interrompue, mais dépendant des lieux où l’avaient amenée ses emplois successifs.

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle