CIPOLAT Piero

Discipline(s)
Plasticien/ne, Sculpteur
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M. Piero CIPOLAT


Mon Histoire

Présentation de l’artiste et de son travail publiée dans le livre Artistes Occitanie: les 30 artistes 2022

Saint Genis des Fontaines (66)

Piero Cipolat

Renouveler le regard sur les formes et les matières
Des petites boules blanches, toutes bien rangées et de même taille sur un carré blanc. Piero Cipolat n’a pas besoin de plus pour créer une œuvre qui prend du relief, et attire
immédiatement le regard.
Si ce n’est des boulettes de papier, ce sera des petits tasseaux de bois organisés en modules triangulaires qui vont lui permettre de créer des “sculptures messages”, comme il en a monté déjà dans plusieurs villes en France : l’œuvre est formée de centaines de modules triangulaires que l’artiste imbrique les uns dans les autres. Le public est alors invité à écrire des messages sur les modules.
A chaque apparition, la structure grandit, l’artiste y ajoute des modules. Aujourd’hui, elle a plus que décuplé de volume par rapport aux premières performances et se compose de plus de 3000 modules pouvant comporter des milliers de messages.
Pour la ville de Canet-en-Roussillon, l’artiste est parti de tiges de métal : en les mettant en éventail, et en imbriquant ensuite sept éventails, il réalise une œuvre de dimension imposante, qui joue avec la lumière, voire avec la neige en hiver, chaque tige accueillant différemment la neige en fonction de son inclinaison.
Il s’agit là d’une œuvre immobile, même si elle peut jouer avec le vent, mais l’artiste a également créé des œuvres mobiles, en mouvement perpétuel.
Piero part d’une œuvre réalisée avec ses outils sur isorel. Cette “matrice” est ensuite scannée puis retravaillée sur l’ordinateur. Certaines de ces œuvres sont sérigraphiées sur plexi. Les autres sont des œuvres à part entière, imprimées sur papier glacé et vendues comme œuvre unique.
A d’autres moments, il va “jouer” avec les traces que les outils qu’il fabrique peuvent laisser sur le plexi : en créant à la spatule des volutes noires en acrylique sur deux couches de plexi, on obtient à la fois des effets de matière et de transparence.
Bref, rien de bien compliqué au départ : “Je fais mes courses au supermarché”, explique l’artiste qui aime avant tout s’inspirer de la matière : du ciment-colle, du métal, du grillage, du plexi, du pvc, mais aussi des petites boulettes de papier, des petites croix utilisées dans des fonctions de bricolage.
“Ces matières sont essentielles à mon travail. C’est à la fois l’outil et la source d’inspiration. C’est la matière première qui me donne l’idée de l’œuvre.”
L’artiste prend le parti d’utiliser des matériaux divers et simples pour trouver de nouvelles solutions tech- niques et artistiques.
“Je suis profondément madiste, un mouvement qui vient du Vénézuela. dans les années 50, en résonance avec l’art concret, cinétique. Je fais partie de la deuxième génération. Le mouvement Madi travaille beaucoup avec les matières, notamment le plexi. Mon travail a aussi un lien avec l’arte povera, qui vise à redonner ses lettres de noblesse aux matériaux les plus pauvres. Cela permet au spectateur de re-découvrir un objet, une matière. Ensuite, je suis passé à l’art numérique, pour les matrices, mais cela se fait dans la continuité : je travaille des matrices sur ordinateur, puis je les transforme, et les re-travaille sur plexi, pour le jeu avec la lumière.”
Les matières sont accessibles, mais plus encore, les formes, qui restent dans un registre là aussi accessible à tous : le cercle et la sphère, le triangle, la ligne et la courbe constituent sa palette pour créer un nouveau monde imaginaire, pour transformer l’espace et la couleur.
A partir de là, le travail peut commencer pour essayer d’agencer ces matériaux et formes pour altérer la perception, jouer avec les distorsions, les reflets, bref renouveler le regard. Les formes seront utilisées dans des structures planes, concaves, convexes, des plans articulés mobiles ou amovibles… Le plexiglas apporte sa transparence pendant que les métaux comme l’inox peuvent apporter des reflets de lumière.
L’intérêt de partir de choses simples, accessibles à tous est important dans le rapport avec l’amateur : “Les gens qui aiment mes œuvres sont peut-être aussi séduits inconsciemment parce que je travaille avec des matériaux simples, accessibles à tous et qu’ils reconnaissent soit la matière, soit la forme ou l’objet. Ainsi, l’œuvre garde tou- jours un pied dans la réalité. Même si l’œuvre est abstraite, l’objet renvoie toujours à certains éléments connus et identifiables.”
Piero Cipolat, qui a vécu de nombreuses années sur ce continent, est imprégné d’histoire de l’art occidental mais aime aussi à relier son travail à l’art africain, continent où il est né et a vécu pendant plusieurs années : “Certaines œuvres (Kasai, Kuba) sont d’une géométrie in- croyable, et datent de plusieurs siècles.”
Aujourd’hui, il poursuit son travail, enchaînant soit des œuvres imaginées la veille dans le magasin de bricolage, soit des commandes plus importantes de collectivités qui savent que le public est toujours intéressé par ce travail. C’est un lycée de Montpellier qui lui de- mande de présenter une grande sculpture en inox, qui jouera évidemment avec les éclats de lumière, et son village, Saint-Genis-des-Fontaines, pour lequel il pour- rait concevoir prochainement une nouvelle fontaine.
Le village, au pied du massif des Albères, dont les monuments sont parmi les plus anciens de l’art roman, prolonge l’aventure en proposant à l’artiste installé dans ses murs de renouveler le regard sur un objet connu de tous et qui fait partie de son patronyme, la fontaine. Une fois de plus, Piero Cipolat va ancrer son œuvre dans un passé prestigieux pour proposer un nouveau regard.

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BIO

Né en 1952 en République Démocratique du Congo, l’artiste séjourne en Italie de 1960 à 1978. Il fait ses études à Rome au Lycée artistique puis à l’Académie des Beaux-arts.
De retour en R.D.C de 1978 à 1985, il expose en Afrique et enseigne l’histoire de l’art à l’école Italienne de Kinshasa. Il rencontre et côtoie des artistes zaïrois tels Cheri Samba, Mavinga et Tamba.
Jusqu’alors peintre figuratif, il est à l’aube d’une nouvelle recherche vers l’abstraction.
Il s’installe à Paris en 1985 et s’intéresse alors aux différents mouvements qui jalonnent l’histoire de l’abstraction (constructivisme, suprématisme, Bauhaus, Art Minimal, Art Concret et enfin le Mouvement Madi).

« Les 30 Artistes Occitanie »
Présent dans l'édition 2020 ou 2021
Galerie virtuelle