Très jeune, je me passionne pour la BD et les albums d’images à collectionner et je commence à dessiner en série.
Après un bac scientifique, je me tourne vers les Beaux-Arts puis me consacre à une carrière d’enseignant et depuis vingt ans, au dessin au format numérique.
Tous mes travaux actuels, “semi figuratifs”, sont réalisés sur ordinateur.
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Article paru dans le livre Artistes Occitanie, les 30 artistes 2024:
Corneilla-la-Rivière (66)
Jean-François Bayle
Le dessin, à la base d’une œuvre numérique
Jean-François Bayle explore les possibilités du numérique en matière de création d’image. Mais si l’ordinateur peut faire beaucoup de choses, l’artiste estime que la clé de l’œuvre, encore et toujours, reste le dessin.
Chaque jour, pendant dix ans, Jean-François Bayle s’est astreint à produire une image, invariablement de format carré, sur son écran d’ordinateur. Il a intégré celle-ci dans une série en devenir, qui se présente sous la forme d’une mosaïque.
Ce projet sur le long cours, cet engagement à faire “Un jour, une image”, l’artiste l’a mené avec rigueur depuis 2013.
Chaque création quotidienne est donc la partie d’une œuvre plus importante, mais les deux sont faites avant tout pour être vues sur un écran: on peut partir de la mosaïque, mais cliquer sur chacun des éléments qui la composent, faire défiler les images une à une, revenir à l’ensemble, etc. L’artiste nourrit ainsi son site avec à la fois des “galeries” qui reprennent toutes les œuvres réalisées pour le projet “un jour, une image” et des “squares” (carrés) qui montrent l’élaboration des mosaïques. (https://www.deviantart.com/jeanfrancoisbayle/gallery).
Le choix du carré pour l’œuvre et pour l’assemblage est logique vu le medium choisi : après tout, chaque image sur un écran est un assemblage de pixels. L’artiste a gardé le principe mais en travaillant chaque petit carré avec ses outils de plasticien.
Ce qui frappe avant tout, c’est la variété dans chaque série: cela peut être une image en couleur, ou en noir et blanc, intégrant beaucoup de jeux formels, abstraits, des lignes courbes, des couleurs franches, des motifs qui se répètent. Clairement, l’artiste a conçu chaque œuvre davantage en pensant à son équilibre et son harmonie intrinsèque qu’en ayant en tête l’assemblage à venir. Derrière l’écran, il garde des impératifs de plasticien. Et de fait, alors qu’il était aux Beaux-Arts à Perpignan, Jean-François Bayle menait déjà un travail portant sur ce que peut signifier la peinture en dehors des motifs figuratifs : “Je cherchais à proposer un éventail de signes abstraits et aléatoires”, se souvient-il. Des séries de peintures le plus souvent de format carré et qui déjà pouvaient s’associer. “Cette obsession d’une articulation de formes variées et colorées me vient sans doute des bandes dessinées et des albums de collections d’images qui nourrissaient mon imaginaire d’enfant.”
“Je ne pars pas de photos et ce ne sont pas non plus des collages. Je commence par une esquisse réalisée à la palette graphique. Je rajoute des calques, éventuellement d’autres images. Il y a dix ans, c’était très simple: le plus simple avec le maximum d’effets visuels, souvent abstraits. Puis je suis allé vers des productions plus élaborées. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus attiré par des univers fantastiques, mythologiques, dotés de formes vivantes, humaines ou animales”.
Peu à peu, l’artiste injecte ces êtres dans ses images, qu’il travaille aujourd’hui quatre par quatre. Des figures humaines, des formes qui émergent d’une série d’entrelacs, comme un monstre qui jaillit d’un nuage.
“Je suis revenu progressivement à une forme de figuration, liée sans doute à une envie de raconter des histoires, cette envie ayant sans doute elle-même son origine dans cette volonté de ne pas m’arrêter à ce qui est purement formel”.
L’artiste analyse avec rigueur ce que peut apporter le numérique pour ne pas rester fasciné par l’outil, car celui-ci ouvre des possibilités mais est aussi parfois un facteur limitant: “Quand on réalise des images sur ordinateur, on est contraint par la capacité de la machine, qui peut restreindre sa qualité. En revanche, on peut travailler partout, c’est une liberté qu’on n’a évidemment pas quand on travaille à l’huile par exemple”.
Aujourd’hui, Jean-François Bayle continue à explorer les fonctionnalités des outils digitaux, mais base plus que jamais son travail sur le dessin. “C’est important, car il me semble que c’est l’essentiel pour pouvoir apprécier les possibilités du numérique. Le fait de travailler avec une palette graphique implique qu’il n’y a pas d’effets picturaux, certaines brosses imitent le pinceau mais ce ne sera jamais une peinture. Il faut juste le savoir, le prendre en compte. En prenant pour base le dessin, on rend cette question de la matière et du geste pictural assez accessoire et le medium numérique permet alors d’aller assez loin”.
Anne Devailly
Parcours
Diplômé des Beaux-Arts à Perpignan en 1984, JF Bayle se consacre ensuite à l’enseignement. Il renoue avec une pratique artistique régulière en 2003, travaillant directement sur ordinateur, ce qu’il continue à faire jusqu’à aujourd’hui. Il expose de nouveau son travail depuis 2017.
La plus grande partie de sa production est visible sur le site Deviantart, mais est aussi diffusée de manière régulière sur les plateformes Facebook, Instagram et Youtube
VERBATIM
Jean-François Bayle vu par Christophe Massé.
Les deux artistes se sont connus aux Beaux-Arts de Perpignan
“Cette série au format identique associe une partie qui vise le blanc, les gris et le noir et une autre qui entretient avec véhémence dans un registre de couleurs élaborées une fascinante introspection dans un monde psychédélique, fantasmagorique, poétique, iconique, qui porte à lui seul les charmes d’un sous-bois, d’une clairière, à la rupture de la macula. Tout ce qui n’est pas happé est enfoui, tout ce qui se touche, se caresse et brûle les doigts devient évanescent, fluorescent, sombre, avalé par les jus de lumière et les profondeurs caractérisées par du labeur évident passé derrière l’écran (…). J’aime ici m’approcher puis m’éloigner. Je vois le bien, le bon, le tendre à quelques centimètres puis l’obscur, le ténébreux, l’écarlate à distance (…) J’ai un grand plaisir à longer cette enfilade de propositions renouvelables, à la merci des yeux fragiles. De loin, de près comme la vie”.
Christophe Massé à l’occasion d’une exposition des œuvres de JF Bayle à l’Espace des Arts, Le Boulou. (3 décembre 2022)
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