
Quand j’étais petit, les séances de photo de mon père étaient des supplices, éblouis que nous étions par le soleil, pendant des poses interminables… Car le sujet devait être bien éclairé, et l’horrible contre-jour banni.
Aujourd’hui, six décennies plus tard, c’est moi qui me plante face à l’astre rayonnant, par défi, et parce que cela provoque souvent des horreurs, mais parfois de divines surprises. « SUM SI SOL SIT » inscrivaient les Romains sur leurs cadrans solaires, « Je ne suis que si le soleil y est ».
Entre lui et moi, le paysage, rien que le paysage, et surtout le ciel. Et sans me lancer dans une expédition aux antipodes, non, juste dans un petit rayon autour de ma tanière. Car chaque grain de sable contient un univers, chaque vallon un pays.
Mon petit Lumix en poche, voire seulement mon smartphone, je guette le hasard… Le soleil glisse derrière un nuage, et d’un coup, la carte postale devient scène d’opéra… Le paysage se met à me parler, à raconter une histoire, de naissance ou de fin du monde, ou simplement il illustre parfaitement mes sentiments du moment. Et parfois, le temps de déplier l’objectif, c’est déjà trop tard, je repars. Pas grave…
Un dicton décrit le photographe comme un “peintre paresseux”… De fait, quand je ramène un cliché à la maison, ce n’est encore qu’une esquisse, et une sorte de palette où puiser mes couleurs. C’est pendant le post-traitement qu’à l’aide du pinceau numérique, je compose le tableau final. Pour magnifier l’émotion initiale, sans la travestir.
Et enfin, il m’arrive de montrer le résultat dans les médiathèques des villages environnants, juste pour partager.