ALLIENS Delphine

Discipline(s)
Peintre
Informations de contact
Mme Delphine ALLIENS

Localisation

Mon Histoire

Présentation de l’artiste et de son travail, publiée dans le livre Artistes Occitanie, les 30 artistes 2023

Delphine Alliens, Corps à corps et corps à cri

Les toiles sont souvent de grand format, offrant des espaces suffisants pour que l’artiste puisse déployer son bras et le pinceau qui en constitue la pointe. Sur la toile, bien souvent des corps, esquissés à grand trait, dans une palette où le noir est quasiment toujours présent, réhaussé de gris ou de tons évoquant la terre, et d’un rouge vif qui ap-
porte couleur et violence.
Car l’artiste le dit clairement quand elle évoque sa peinture: “C’est une captation de corps à corps et de corps à cri”.
“C’est bien un cri qui à chaque fois s’exprime dans le silence d’une création graphique. Le geste pictural est la transcription d’un corps-réceptacle de mémoires. C’est un travail qui porte l’odeur d’un souvenir, l’effleurement d’une présence, un geste en train de se faire.
C’est une peinture instinctive, exigeante et physique dans laquelle l’acte de peindre est tour à tour contrôlé et impul- sif; le geste est rapide, appuyé et violent. Je veux sentir que mon travail exprime cette vibration, ce vivant qui résonne en moi à chaque trait et à chaque geste”.
Pour rendre compte de ce tragique de l’existence, l’artiste peut utiliser aussi bien le fusain, les encres que la peinture, essentiellement de l’acrylique qui se prête si bien à la rapidité du geste et de la réalisation. Et, de plus en plus, des photos. Des photos qui serviront éventuellement de bases à de nouvelles toiles, mais pas nécessairement. Comme des notes, qui rappellent sans cesse à l’artiste ce qu’elle voit du monde extérieur : “ Souvent je ne l’accepte pas, mais souvent aussi je ne le comprends pas ”. Les photos sont “une nourriture nécessaire et boulimique pendant lesquels je prends des formes, des couleurs, des postures, j’appréhende et je mémorise le monde par le filtre de mon empathie et je restitue mes ‘impressions-mémoire’ Une nécessité presque obsessionnelle. Tout cela va se retrouver – ou pas – dans les oeuvres, mais de manière fragmentaire. ”
“Il y a cette idée que les fragments prennent les histoires de figures anonymes. Et à la fois intimement autobiogra- phique. J’ai voulu aller jusqu’à la perte de repères. La perte du moi”.
Certains thèmes se prêtent bien à cet expressionnisme, comme ces crucifix qui crient la douleur d’être au monde. Mais l’artiste ne se cantonne pas dans les grands classiques de l’histoire de l’art. Elle puise souvent son énergie et sa rage dans l’actualité.
“Je pense que la guerre en Ukraine par exemple a affecté mon travail, mais cela reste flou. Il s’agit toujours de vases communicants entre ce qu’on ressent, ce qu’on imprime de ce qui se passe autour de soi et ce qu’on va mettre sur la toile”.
Cela peut parfois prendre la forme d’un ressenti direct, sans filtre, mais parfois également, la peinture peut au contraire offrir un contre-point, comme cela a été le cas pendant la crise du Haut Karabakh, en 2020 :
“Bizarrement, j’éprouvais le besoin de travailler sur des mai- sons, sur des intérieurs, pendant que dans cette enclave arménienne en Azerbaïdjan, les gens brûlaient eux-mêmes leurs maisons pour que l’ennemi ne puisse en profiter”.
Par essence, ce ressenti se doit d’être spontané : “Je fais très peu d’esquisses préalables au crayon. Cela m’est arrivée, par exemple sur la série Corpus : 7 tableaux où je partais systématiquement d’une esquisse très figurative pour arriver à une forme plus ou moins abstraite”. Mais même dans ce cas, le travail préparatoire n’empêchait pas l’artiste de toujours privilégier le geste et la spontanéité : quand bien même il y avait eu des études préparatoires, l’oeuvre finale se faisait en 15 minutes maximum sur un format papier plus grand.
“Je suis de l’instant. Habitée par mon geste pictural, c’est une peinture inscrite dans le ressenti. J’aime la justesse du geste instinctif. Le fait que ce ne soit pas prévu à l’avance confère à l’oeuvre une forme de sacralité. Le trop détermi- né enlève la puissance évocatrice du geste”.
Toute la tension de cette peinture tient dans cette am- bivalence : un geste spontané mais néanmoins extrêmement précis car, précise encore Delphine Alliens, “Le drame ou le tragique ne supporte pas l’imprécision”.

—————-
ELEMENTS BIOGRAPHIQUES

Delphine Alliens, née à Toulouse en 1976, est diplômée en Sciences du langage et en Communication visuelle à l’école des Arènes à Toulouse. Elle s’est ensuite orientée vers une carrière commerciale, mais cela s’est révélé “un véritable échec”, dit-elle aujourd’hui, comme si cet échec était une évidence.
Elle passe alors sur le tard un BTS en communication visuelle, mais va choisir de s’immerger de plus en plus dans la peinture, d’abord en pa- rallèle de son travail avant de franchir le pas et de s’y consacrer pleine- ment.
En exposition permanente à la mairie de Ste Foy de Peyrolières, qui a fait l’acquisition publique d’une oeuvre graphique sur la thématique du village.

Rédaction: Anne Devailly

Galerie virtuelle