MILA Alain

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Plasticien/ne
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Mr. Alain Mila

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Dialoguer avec la nature

Avec ses oeuvres éphémères réalisées avec ce que la nature pourvoit, Alain Mila pratique un land-art qui injecte un peu d’imaginaire dans le réel. A condition de ne pas chercher en permanence à construire des choses éternelles, l’homme montre que nature et culture peuvent faire bon ménage.

Avant de sculpter et de dialoguer avec la nature, Alain Mila s’était investi dans l’univers de la danse contemporaine. “J’ai commencé à peindre et à sculpter quand, en 1985, j’ai cessé mes recherches chorégraphiques. Très vite j’ai trouvé dans le land-art la parfaite adéquation avec mes aspirations de vie”.
L’artiste a conservé de la danse l’attrait de mises en scènes et sa gestuelle s’épanouit dans l’amplitude des mouvements nécessaires à la réalisation d’œuvres monumentales.

Le voilà donc qui travaille la pierre, le bois, mais le land art est son domaine de prédilection qui influence toutes ses créations et renforce sa vision de l’art : “Je suis persuadé que l’art a un rôle social et culturel, non pas pour changer le monde, mais pour le rendre plus ‘habitable’, plus digne de l’existence humaine”.
Dernièrement, Alain Mila a réalisé à partir des bois trouvés dans les forêts des échelles, ou des boîtes qu’il aime installer en hauteur, suspendues par quelque intervenant mystérieux à des branches d’arbres toujours vivantes.
L’échelle flotte, aérienne, mais ses branches minces et irrégulières lui confèrent une impression de légèreté, de fragilité qu’on n’associe guère d’habitude à un tel équipement.
Comme la plupart des installations de land-art, elle n’est guère faite pour durer, mais l’artiste s’en moque: “J’accorde autant d’importance à mes réalisations éphémères qu’à mes sculptures monumentales, autant d’importance à ma démarche qu’à son aboutissement”.. “Cela nous rappelle une chose essentielle: c’est l’intensité qui donne la valeur de l’instant, la pérennité n’est pas un facteur fondamental”. Avant que la nature ne reprenne le dessus, Alain Mila se fait également photographe pour garder une trace de ses réalisations.
Mais cette notion d’éphémère est variable: avec les Présences que l’artiste a posées sur le lac du Tordre, dans la commune où il vit, l’éphémère est une des clés de la beauté de l’oeuvre. Ces barbes végétales vont vite être bousculées par le vent, mais c’est bien pour cela qu’on les regarde avec autant d’attention : “Il y a un vrai moment d’émerveillement quand, la brume s’étiolant, on aperçoit ces Présences qui marchent sur l’eau, par un matin d’hiver”, précise l’artiste.
Même chose avec le “Vortex” impressionnant. On a du mal à imaginer que la nature ne reprenne pas ses droits un jour ou l’autre. On le regarde donc avec autant d’attention qu’un coucher de soleil qui ne durera que quelques minutes.
Dans ces mobiles en formes stylisées de paniers, des fils tendus soulignent et relient les courbes naturelles des branches … Ces fils rectilignes renforcent la présence d’une action humaine au sein d’un assemblage d’éléments naturels. “J’aime dire que ces oeuvres sont duelles, avec leur aspect dionysiaque, sauvage, et leur aspect apollinien, qui vient comme il peut dompter un peu cette nature”.
L’artiste pousse le côté “apollinien” plus ou moins loin: parfois, rien d’autre que ce que la nature donne; parfois tout de même, il rajoute des touches de peinture, des cordages, des galets (eux-mêmes patinés naturellement par le temps). Il peut aussi écorcer un peu les branches, les polir, faire jaillir une nouvelle couleur sous l’écorce: “L’idée est de se laisser guider par les éléments pour essayer de révéler l’identité de la matière. Le bois est pour cela d’une richesse inépuisable”.
En revanche, quand l’artiste participe à des symposium, les organisateurs demandent que les oeuvres puissent tout de même tenir quelques mois, voire une année ou deux. L’artiste utilise alors d’autres méthodes, mais qui elles aussi doivent tout à la nature, travaillées il est vrai avec les outillages dont dispose un artiste contemporain: “Je réalise notamment les tenons-mortaises en bois, cela peut durer plus longtemps”.
Longtemps, mais pas une éternité. Depuis longtemps, l’homme a renoncé à l’atteindre. Le créateur de land-art aussi.
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Quelques interventions, en images… et en texte:
1. Présences sur le lac du Tordre (82)
Le niveau de l’eau peut baisser de deux mètres, les racines des arbres habituellement dans l’eau se dessèchent et j’en prélève pour leur donner une deuxième vie. Des présences s’avancent alors à la surface du lac.

2. Paniers troués pour transporter des rêves
Symposium Le Gorneton Chasse sur Rhône/ Seysuel (38), 2019
Trois mobiles en bois, contenants sans contenus, « paniers » symboliques, se meuvent sous les arbres au dessus du torrent… Plus de racines pour lancer les branches vers le ciel mais un fil qui les retient de leur chute vers le sol.

3 et 4. Sentinelle de la paix monumentale
université de Jenin, paix écrit en hébreu, arabe et anglais
J’ai commencé la pose de pierres en équilibre en 1991, je les ai toujours appelées des « Sentinelles », veilleuses d’équilibres fragiles comme le sont beaucoup de valeurs essentielles de la vie. En 2004 je suis parti construire des « Sentinelles » avec des jeunes Palestiniens et Israéliens. Nous avons écrit à leurs bases le mot paix en Arabe, Hébreu et Anglais. Le concept des « Sentinelles de la paix. Une pierre posée n’est pas jetée. » est né à ce moment là. A Montauban, une association éponyme a pris le relai de cette démarche qui se poursuit à travers le monde. Avec des artistes de toutes nationalités et des actions particulières : au Burkina-Faso en 2017, au Japon (Nagasaki, Hiroshima) en 2019/2020.

5 Portrait COP21 sentinels of global warming lac du Gouyre, décembre 2015
Installation diffusée à Paris pour la COP21. Dans cette installation les sentinelles commencent à être submergées par l’eau… Le réchauffement climatique fera-t-il le reste?

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