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A Rodez, la statue-menhir de la Verrière au musée Soulages

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A Rodez, la statue-menhir de la Verrière au musée Soulages

A Rodez, le musée Soulages et le musée Fenaille entretiennent des liens forts liés à l’histoire même de Pierre Soulages.

Le musée Fenaille est le lieu de ses premières rencontres lors de sa jeunesse, avec les œuvres du passé, l’archéologie et ses mystérieuses statues-menhirs. C’est aussi le musée où son nom apparaît pour la première fois, comme il se plaît à le rappeler : une petite étiquette signale le don avec plusieurs de ses camarades du résultat des fouilles d’un dolmen de la région.

À l’occasion du centenaire de Pierre Soulages, le musée Fenaille a organisé, du 14 juin au 10 novembre 2019, en collaboration avec le musée Soulages, une exposition temporaire en forme d’hommage à l’artiste : « Pierre Soulages. Un musée imaginaire. ».

Afin de témoigner concrètement de ces liens évidents, les deux musées ont travaillé à un échange de dépôts d’œuvres.

  • La première étape concerne le dépôt d’une statue menhir dans la salle 5 du musée, dont les stries profondes entrent en résonance avec le Quadriptyque Outrenoir, Peinture 162 x 724 cm, novembre 1996, récemment présentée dans cette salle dans une nouvelle configuration favorisant un éclat extatique telle une stèle de lumière.

 

  • La seconde étape sera un dépôt d’une eau-forte et d’une matrice, telle une sculpture en bas-relief qu’il préfère nommer « objets » rappelant étrangement les statues menhirs.C’est en 1937 que Pierre Soulages découvre pour la première fois les statues-menhirs exposées au musée Fenaille, le musée d’histoire et d’archéologie du Rouergue, installée dans un ancien hôtel particulier du centre historique de Rodez. C’est le premier musée visité par Pierre Soulages. Il est adolescent. « Je suis tombé en arrêt devant les fascinantes statues-menhirs. »
    Prenant la forme de monolithes, ces œuvres gravées ou sculptées représentent dans leur majorité des figures humaines, datées d’environ 3300 à 2200 avant J.-C.
    Leur dimension dépasse pour les plus grandes les quatre mètres de hauteur, faisant d’elles les plus anciennes statues monumentales connues en Europe de l’Ouest.
    Le sens de ces productions reste aujourd’hui difficile à comprendre : s’agit-il de divinités, d’ancêtres ou de dignitaires ?
    Certains détails morphologiques permettent l’identification de ces personnages : cheveux, seins, nez, yeux…
    Associés avec différents attributs composés de parures, armes ou vêtements, ils composent des figurations féminines ou masculines. Pierre Soulages se dit particulièrement touché par la sincérité des sculpteurs du Néolithique.
    La découverte des statues-menhirs est un choc esthétique resté dans la mémoire du peintre : « Lorsque pour la première fois j’ai vu les stèles gravées du musée Fenaille, ce fut un choc. Ces pierres venant de loin allaient loin en moi ».
    Il est le premier à mentionner leur force évocatrice : « Je pense aux menhirs gravés vus dans mon enfance… Avant l’art roman de Conques, c’est ce qui m’a touché, lorsque j’étais à Rodez. » Il poursuit : « J’étais ému par la qualité de la gravure comme par la volonté soutenue que révélait le travail de creusement des traits comme celle de marquer la présence d’un homme et de l’élever à la dignité de figure”.
    Parmi la vingtaine d’œuvres aujourd’hui conservées au musée Fenaille, Pierre Soulages s’intéresse particulièrement à la stèle de La Verrière. Appartenant à un petit ensemble de statues d’apparence plus abstraite, celle-ci ne figure pas de caractères anatomiques, mais un ensemble d’attributs. Ce monolithe se divise en deux parties, lui donnant un aspect de diptyque. Au centre de la stèle, un objet-poignard est disposé horizontalement. Représenté par un triangle percé d’un cercle, l’objet s’étire horizontalement. Plus bas sur la sculpture, un rectangle nettement creusé dans le grès est interprété comme une boucle de ceinture. Les stries verticales dans la matière semblent pour leur part rappeler les plis d’un vêtement. L’absence de figuration naturaliste sur la stèle de la Verrière et sa force de suggestion ont particulièrement séduit Pierre Soulages.
    L’art préhistorique semble avoir profondément influencé l’œuvre du peintre. Certaines matrices de ses eaux-fortes en cuivre, ainsi que leurs reproductions en bronze, ressemblent étrangement à des monolithes sculptés. Selon l’artiste, l’art préhistorique est immémorial, il interroge au-delà des frontières et du temps. Chaque civilisation a vu naître des productions dont la portée symbolique continue d’agir dans nos imaginaires contemporains.
    Les statues-menhirs du musée Fenaille font partie de ces œuvres intemporelles dont la simple contemplation suffit à l’émerveillement : « ces statues-menhirs nous atteignent indépendamment de l’époque et du lieu de leur création. Il en est de même pour les œuvres d’Afrique, d’Amérique, d’Océanie…»
    Les statues-menhirs soulèvent chez lui des questionnements toujours présents. Elles interrogent ce besoin impérieux de créer qui semble animer les hommes depuis les origines. Pierre Soulages y perçoit une même volonté, celle qui l’anime : ce désir impérieux de peindre. « Je me suis senti proche de l’homme qui avait gravé ainsi, sculpté ainsi ».


 

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