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Latour (31)

Christian Kubala

Un cheminement entre peinture et poésie

 

La peinture de Christian Kubala est le fruit d’une lente maturation.

Dès ses plus jeunes années, il a souhaité être peintre et faire les Beaux-arts. Mais la vie en a décidé autrement. Alors il a d’abord été peintre industriel, un compromis lui permettant de gagner sa vie tout en tenant le crayon. Puis pendant une quinzaine d’années, il a peint en extérieur, sur chevalet, pour reproduire ce qu’il avait sous les yeux: les paysage du Nord dont il est originaire, les marchés, les corons, les bords de mer.

Et ce n’est qu’après ce long parcours qu’il a décidé de se consacrer à la peinture en atelier: dégagé de toute contrainte trop technique comme c’était le cas dans son premier métier, sans souci de ressemblance avec un sujet existant, comme ce fut le cas dans ces années de peintre en extérieur.

Cette fois-ci, il peint comme il l’entend, avec la palette qui l’inspire ce jour-là, pour partir dans une direction qui lui sera suggérée par les premiers coups de pinceaux donnés sur la toile. Et si rien de vraiment affirmé ne se dégage, il tourne la toile, un quart de tour, un demi-tour, jusqu’à trouver un équilibre qui va déclencher la création.

Bref, l’artiste a sauté le pas pour trouver sa propre voie. Mais il est clair que toutes les toiles réalisées aujourd’hui se sont nourries de son cheminement antérieur, de sa maîtrise des profondeurs et de la géométrie comme de la maîtrise des ombres et des lumières qu’il a pu observer en extérieur.

Aujourd’hui, l’artiste puise davantage son inspiration dans la poésie ou dans la musique.

La poésie l’a toujours accompagné depuis les années lycée. La musique a fait une entrée plus récente, et l’accompagne désormais quand il travaille dans son atelier. “Je vais régulièrement chercher de nouveaux disques à la Médiathèque, j’aime que ce soit varié, mais c’est vrai que la musique permet finalement à d’anciens souvenirs de ressurgir, et cela peut se retrouver ensuite sur une toile”.

Quant à la poésie, c’est un cheminement croisé avec la peinture: elle l’inspire pour peindre et la peinture peut aussi l’inspirer pour écrire. “Je pense que ma peinture peut entrer en résonance avec des poèmes. Il ne s’agit pas d’illustrer, mais de trouver des correspondances, de rechercher une atmosphère. Et cela peut s’imaginer dans les deux sens: réaliser une toile et chercher ensuite le poème qui pourrait lui répondre ou au contraire, travailler après s’être laissé “habiter” par une oeuvre.

C’est ce que j’avais fait après la lecture de Don Quichotte: rien de planifié, mais après cette lecture, j’ai ressenti le besoin de peindre les paysages dans lesquels je m’étais imaginé Don Quichotte pendant que je tournais toutes ces pages”… Pas de personnages, pas de moulins, pas d’anecdotes. Un paysage dépouillé, qui évoque des terres arides, sans aucun élément qui ramènerait directement au livre.

Aujourd’hui, l’artiste peint à l’acrylique, dont il apprécie la rapidité de séchage. Et il peint toujours sur une toile déjà emplie de taches, jamais sur une toile blanche. “A présent, j’ai le lâcher-prise qui me permet d’aborder la toile de manière sereine: soit les formes des taches me donnent le point de départ, soit je dévis sur un autre sujet. Si je retourne le tableau et je vois qu’une histoire apparaît, alors j’y vais et j’oublie les premières intentions. Mais je ne suis jamais totalement dans l’abstraction, il y a toujours un sujet”.

Pendant longtemps, cet homme du nord a limité sa palette aux couleurs de la côte d’Opale: des ocres, des bleus, des verts et des gris. Jamais de rouge.

Depuis la couleur a pris sa revanche: la palette s’est contrastée et enrichie de toutes les teintes possibles et l’artiste n’a plus peur de la vivacité de certains rouges ou jaunes. “Cela correspond aussi à ma descente dans le sud. Je suis devenu coloriste!”.

Le point de départ peut être un petit trait orange horizontal: “c’est la pointe orangée que je vois parfois de ma fenêtre au petit matins quand je me réveille”. La toile cherche alors à rendre compte de cette heure matinale, et en amène une autre, dans des tons plus jaunes, qui évoquera cette fois-ci une heure plus avancée.

Le sujet est là, mais il peut être aussi ténu qu’une ambiance à une heure du jour, à une saison précise.

Christian Kubala discute facilement avec les personnes qui se rendent dans ses expositions.
Et bien souvent, ces personnes lui font remarquer que sa peinture qui recherche avant tout l’harmonie et l’équilibre,  se prêterait bien à des transpositions en vitrail ou en tissu.

Les deux le séduisent: “En tissu? Ce serait un vrai hommage à ma mère, couturière”.

Quant à l’idée du vitrail, qui apporterait la transparence et la lumière à ses motifs, elle est d’une grande cohérence avec la démarche de l’artiste. “Je suis d’une famille chrétienne, cela a baigné mon enfance. Je me souviens qu’à la messe, j’avais du mal à me concentrer sur les prêches des curés. Et mon attention était franchement partie si en plus un rayon de soleil traversait le vitrail! Dans mon travail aujourd’hui, j’ai besoin de poésie, mais également de spiritualité”.

“Je reste croyant. Je pense que c’est une forme d’humilité de penser qu’il peut y avoir autre chose que ce que l’on connaît. En art, c’est pareil: cela consiste aussi à apprendre à être humble. On cherche à créer, mais on n’explore jamais qu’une infime partie des possibles”’.

A.D.

Christian Kubala
Lieu-dit Mothes. 31310 Latour

Le site web de l’artiste



 

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