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Nicolas Hamm

Le Seigneur des Centaures

Avec le Seigneur des anneaux, l’écrivain britannique Tolkien avait passé sa vie à créer un monde, ses terres, ses peuples, sa langue. Depuis son atelier gardois, Nicolas Hamm approfondit lui aussi année après année l’univers qu’il a créé, multipliant récits, dessins, personnages. Et cela depuis 18 ans. Bienvenue dans le monde d’Arkhae Mundi…

Il y a 18 ans, Nicolas Hamm se lançait dans une aventure particulière, graphique et onirique : Arkhae Mundi, une île de son invention qu’il dote d’un univers de plus en plus précis année après année et… expo après expo : « Chaque fois qu’il y a une expo sur Arkhae Mundi, je fais un nouveau chapitre ! ».

Au départ, le projet visait à lier ensemble tous les travaux de l’artiste, passé par les Beaux-Arts, puis chargé de scénographie au Musée de l’homme avant de travailler pour le théâtre, puis de devenir prof de dessin dans une école d’animation à Montpellier ; parallèlement peintre, fresquiste, décorateur, écrivain. « J’avais besoin de recentrer différentes formes d’expression – écriture, illustrations, peintures – autour d’une même thématique. C’est comme cela qu’est né ce projet ».

Et puis l’artiste se passionne pour ce nouveau défi. Il se documente, à la fois sur les bases philosophiques du monde qu’il est en train de créer (une île, comme l’Utopie de Thomas Moore), sur les grands mythes existants (notamment les deux principaux de Arkhae Mundi : l’Arche et l’Arbre de vie), mais également d’un point de vue visuel, il plonge dans les gravures anciennes pour en tirer des idées iconographiques à la fois pour les peuplades qu’il invente et pour les végétaux, le bestiaire, les lieux… Il se plonge dans les travaux sur l’arche du savant allemand Athanasius Kircher…(XVIIè siècle).

Nicolas Hamm invente l’origine de son histoire : un naufragé dans le coma, retrouvé dans notre monde, avec accroché à sa jambe un alphabet illisible, première trace d’une île insoupçonnée jusqu’ici, Arkhae Mundi. Il va réaliser la carte de l’île, point de départ et source d’inspiration pour la suite de l’aventure.

Nicolas Hamm, Centaure Bourdelle

A partir de là, c’est un délire d’inventivité qui fait appel à toutes les techniques et toutes les documentations. Car il faut tout inventer : la géographie de l’île, son archéologie, sa végétation, ses personnages. L’île est peuplée de toutes sortes de créatures fabuleuses, d’inspiration parfois clairement mythologique, comme c’est le cas pour les amazones ou les centaures.

Les centaures, justement… Comme Nicolas Hamm ne fait rien à moitié, il a déjà consacré tout un univers à cette peuplade : un livre, des peintures, une sépulture et des dessins anatomiques explicatifs. « La sépulture ? Je suis allé sur l’île et j’ai trouvé des os ! C’est tout ! » dit l’artiste qui ne peut s’empêcher maintenant de se prendre lui-même au jeu.

Aujourd’hui, Nicolas Hamm en ait convaincu : il y a avec Arkhae Mundi toute la matière pour créer une véritable saga. Il réfléchit donc à chercher un écrivain avec qui il pourrait imaginer un vrai scénario à partir de tous les fragments engrangés depuis 18 ans.

L’aventure a débouché sur une exposition inattendue à Montauban.

«  En allant participer à un évènement dans une école de la ville autour de l’arbre il y a quelques mois, je suis allé visiter le musée Ingres. Je découvre bien sûr la salle Bourdelle et on me parle du fameux centaure devant le musée… Un peu plus tard, je vais boire un verre sur la place royale, et je rencontre le propriétaire d’un établissement qui possède une véritable salle d’exposition. Nous discutons et le projet voit le jour : une exposition sur mes centaures, ce qui tombe sous le sens pour la ville de Montauban, qui abrite le centaure de Bourdelle ».

Parallèlement à ce travail, Nicolas Hamm mène un travail de peintre, où il prend un peu ses distances avec son île. Comme on peut le voir avec le tableau montrant une fille faisant du monocycle : au départ, c’était un centaure. Et puis cela a évolué. D’abord en une fille et un monocycle, et puis finalement, dans une nouvelle toile, l’artiste transforme encore la scène pour aboutir à un ange !

Incorrigible, l’artiste est toujours en mouvement, et fait vivre à son œuvre une évolution de tous les instants.

Anne DEVAILLY


REQUIEM POUR UN CENTENAIRE 1916

Les gueules cassées, en mémoire des trembleurs et des non-morts

En 1992, alors qu’il était décorateur de la citadelle souterraine de Verdun, Nicolas Hamm découvre les archives nationales et les consulte pour préparer une reproduction des tranchées de Verdun. Au milieu des stéréoscopies visionnées, un homme, englaisé mais vivant, dans une tranchée et un autre homme, assis sur un bord de table, avec le visage ravagé, regardant le photographe de son oeil intact et vif, en attendant son tour pour être soigné…. « Ces images ne m’ont pas quitté ».

L’artiste travaille alors sur des séries de peintures sur vitre et réalise une collection de gueules cassées sur verre et sur toile, ainsi que des sculptures en terre crue sur supports métalliques.

2016 arrivant, le projet d’organiser des expositions en commémoration des gueules cassées prend forme. A l’époque, les sculpteurs des Beaux-Arts prêtaient main forte aux médecins pour mouler en l’état, sculpter des parties de visage abîmés et travailler sur des masques pour dissimuler les dégâts physiques imposés.

Nicolas Hamm travaille sur trois expositions présentées simultanément en Lorraine, en Gironde et à Paris. Elles comprendront des dessins, des sculptures en terres cuites, et une sculpture en terre crue, qui va se morceler et se décomposer au cours de l’exposition.

En référence aux survivants de la Première Guerre mondiale ayant subi une ou plusieurs blessures au combat et affectés par des séquelles physiques graves, notamment au niveau du visage, et à des hommes profondément marqués psychologiquement par le conflit, qui ne purent regagner complètement une vie civile ou durent, pour les cas les plus graves, être internés à vie.
L’exposition est conçue comme un véritable devoir de mémoire, rendant compte de cette page d’histoire sous différents angles (histoire, médecine, chirurgie esthétique, histoire militaire, mobilisation des artistes et perspective artistique, solidarité/dette nationale – rôle de la loterie, réponses et approches psychologiques et psychiatriques).

Bio

Nicolas HAMM est né en 1966 à Metz. Beaux-Arts de Nancy. Dessinateur, peintre, décorateur, écrivain. Mène en parallèle ses travaux picturaux et ses recherches historiques et de décoration avec le musée de l’homme (10 ans) ou/et avec le théâtre, le cinéma et les lieux privés ainsi que ses oeuvres littéraires par la création d’ouvrages uniques.

Vit et travaille dans les Cévennes, pas loin du Vigan (30).

Expositions au TEM (Goviller), à Cadillac (à côté de Bordeaux) et à Paris.



 

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