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Sète, Hérault

Echanges en vue entre artistes de Sète et de Los Angeles

Vanessa Atlan est une artiste sétoise installée à Los Angeles. C’est en grande partie grâce à elle que se monte cette année un ambitieux projet d’échanges entre une quinzaine d’artistes sétois et une quinzaine d’artistes de la cité californienne.

 

Sophie Dulin, de la librairie L’Echappée Belle à Sète, a joué le “chef de projet” pour concrétiser le projet et monter l’association Sète-Los Angeles qui va porter le projet : quatorze artistes sétois se rendront une semaine à Los Angeles en mars 2019 pour créer des oeuvres in situ. Et en septembre, ce sont une vingtaine de Californiens qui se rendront à Sète. Les oeuvres créées devraient ensuite être vendues aux enchères.

Comme le disent les créateurs du projet, “les deux villes devaient se rencontrer”

“L’intérêt réciproque des Sétois pour les Américains date des années 60, quand Hervé Di Rosa et Robert Combas sympathisaient avec Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Kenny Scharf avec lesquels ils partageaient, comme l’écrit le critique d’art Otto Hahn, une «vitalité joyeuse». Les artistes sétois ne résistent pas à cet attrait. Depuis les premiers «cow-boys» de la Figuration libre jusqu’aux sculpteurs sonores d’aujourd’hui, ils ne cessent de porter leur regard sur l’Amérique, racontent des histoires sur fond de western, nourrissent des mythes hollywoodiens, inventent des personnages et des décors californiens. Ils s’inspirent des comics, des super héros, du street art, utilisant l’art pour abolir les frontières. Les affinités, correspondances et similitudes entre artistes sétois et angelinos dépassent toutefois ce «goût de l’Amérique» et cet esprit anti conformiste. C’est en fait toute une histoire secrète, celle de la contre-culture, qui relie les deux scènes artistiques”.

Les points communs entre les deux villes ne tiennent pas seulement à ces rencontres mais à des attitudes comparables et originales face aux grandes tendances artistiques de leur pays dans les années 60:

Sète: “Dans l’histoire de l’art contemporain français, Sète fait figure d’exception. A l’époque où Paris et son école des Beaux-Arts bannissaient la peinture, ses couleurs et son expressionnisme, reléguant la figuration aux oubliettes de l’Histoire et brandissant le concept comme un absolu, la petite ville rebelle inventait la «figuration libre». Ce mouvement, aux antipodes de l’art cérébral et abstrait des années 70, prit le parti, la «liberté», de faire «figurer» toutes formes d’art, sans frontière de genre et d’origine géographique, sans hiérarchie de valeurs entre haute et sous-culture, sans distinction entre beaux-arts et arts appliqués. Outre l’art brut, les pionniers de la figuration libre revendiquent leur démarche comme celle d’artisans des « arts populaires », inventeurs de monstres et robots (Hervé Di Rosa), s’inspirant de Mickey Mousse comme de la science- fiction, de l’imagerie africaine et de la culture des banlieues (Robert Combas). Ils puisent dans cette culture populaire, ce qu’on appelle parfois Outre-Atlantique sub-culture, des sources d’inspiration appréciables par tout le monde, loin des références raffinées des «connoisseurs» de l’art contemporain”.

Los Angeles: “Une attitude comparable caractérise la naissance de la scène artistique angelinos. A l’heure où New-York dominait avec le Pop art, l’expressionnisme abstrait, bientôt le minimalisme, Los Angeles s’affranchissait de tous ces courants et s’aventurait vers des territoires nouveaux, revendiquant la suprématie de la matière sur l’idée, du savoir-faire sur l’abstraction. Ed Kienholz, Larry Bell, Ed Ruscha, Dennis Hopper, Barbara Kruger, ces « rebels in paradise » comme les définit l’historienne de l’art Hunter Drohojowska- Philp, proposaient un art radicalement nouveau, une création dissidente de la culture mainstream et d’Hollywood, constitué de style singuliers (finish fetichism, light and space, LA cool etc)”.

On le répète, les deux villes devaient se rencontrer. Ce sera chose faite en 2019.

 

Participent à ce projet :

Côté Sétois : les Biascamano, Armelle Caron, Robert Combas, Christophe Cosentino, Jean Denant, Hervé di Rosa, Marc Duran, André Cervera, Lucas Mantione, Jean-Marie Picard, Topolino et Agnès Varda.

Côté Los Angeles: Scoli Acosta, Vanessa Atlan, Barbara Carrasco, Percival Everett, Francesca Gabbiani, Piero Golia, Kim Gordon, Alex Israël & Bret Easton Ellis, Patrick Jackson, Richard Jackson, Ed Ruscha, Jim Shaw, Marnie Weber, Joséphine Wister Faure.

L’atelier DPJ (Dugrip, Picard et Jacomet) édite un coffret de 14 estampes signées et numérotées des artistes participants, coffret tiré à 100 exemplaires, vendu 2000 €.
Les bénéfices aideront l’association à boucler le budget.

Crédits photos : Christelle Espinasse

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