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Sylvian Meschia, Martres-Tolosane (31)

Sylvian Meschia, artiste et scénographe

 

Avant de se consacrer pleinement à ses créations céramiques ou autres, Sylvian Meschia a travaillé comme régisseur au Festival d’Avignon… Il réunit ses deux casquettes dans sa nouvelle exposition à Martres-Tolosane, où il se fait aussi bien artiste exposant que scénographe de ses propres pièces…

Sylvian Meschia a des idées, beaucoup d’idées… Des idées de création : quand il crée une céramique, il s’intéresse autant à la forme qu’aux écritures avec lesquelles il va habiller ses urnes, panneaux muraux ou ses fresques murales ; ses écritures elles-mêmes le renvoient aux panoramas qui l’entourent, et le voilà parti sur des paysages abstraits faits à l’encre sur papier, qui répondent de manière étonnante aux céramiques.

Parallèlement, il photographie ses céramiques, et ces photos le conduisent à de nouvelles créations, à base de montages numériques, imprimés sur des supports vinyles, collés ensuite sur différents supports, dont ses « bâtons de pluie ». Une idée en amène une autre, année après année… faisant évoluer l’œuvre sans qu’il sache trop à l’avance le cheminement qui s’annonce.

Sylvian Meschia s’est aussi rappelé qu’avant de se consacrer entièrement à la céramique, il avait eu la chance de travailler sept années pour le Festival d’Avignon de 1974 à 1981. « J’y ai appris l’envers du décor, la scénographie, la signalétique, toutes les petites choses autour des grandes, pour les spectacles du Palais des Papes comme pour le Off. C’était varié et passionnant ».

L’an dernier déjà, il renoue avec ce premier travail en mettant en scène les différents espaces du Presbytère de Martres-Tolosane pour une expo consacrée à la ville et ses céramiques anciennes. Et il ne fait pas les choses à moitié : à l’intérieur, il imagine une boutique, il habille le hall d’un guichet de cinéma à l’effigie de l’ancien ciné qu’ont connu tous les habitants de la ville, le Tivoli ; à l’étage, une grotte préhistorique reconstituée…

Dans le jardin, l’artiste fait revivre les anciens métiers ou ateliers du village, évoquées par différents cabanons, mais également par des tas de bûches, des épaves de voitures, des mounaques, ces personnages grandeur nature en chiffon, si typiques du coin, etc. La scénographie est guidée par l’imaginaire foisonnant de l’artiste.

Et cela marche : les œuvres exposées sont valorisées et les visiteurs viennent autant pour l’expo que pour le décor.

Ce décor, conçu pour être provisoire est finalement encore là cette année, et accueille… une exposition entièrement consacrée à Sylvian Meschia.
L’artiste a donc décidé de pousser encore plus loin le principe : chaque objet chiné lui donne une idée de mise en scène d’une de ses pièces artistiques, chaque lieu lui inspire une idée pour rendre les choses insolites et étonnantes…

« Pendant des années, j’ai présenté mes céramiques de manière traditionnelle, sur des supports pour qu’ils soient à la bonne hauteur, éclairés par une lumière soignée. Aujourd’hui, j’ai envie d’autre chose».
L’artiste expose donc à la fois les œuvres qui ont fait sa réputation, que ce soit les dernières urnes de la série Molécules, ou les fameux bâtons de pluie.
Mais il prend plaisir à brouiller les pistes: la « boutique » accueille ses céramiques, mais de manière distanciée, avec des petits panonceaux chinés dans la région, et qui indiquent « faits main » comme les magasins peuvent le faire avec insistance dans les lieux les plus touristiques…
Autour des moules historiques des faïenceries de Martres, il expose ses propres œuvres, mais blanches, non émaillées, celles qui restent d’ordinaire à l’atelier.
Les œuvres amènent une mise en scène, mais la mise en scène à son tour engendre des œuvres : c’est le cas de ces petites scènes préhistoriques, conçues à partir de tous les rebuts de ses cuissons : au milieu de ces paysages de latérite, l’artiste pose des girafes ou éléphants sortis d’un coffre de jouets, qu’il a auparavant trempés dans un bain d’argile pour mieux les fondre au décor.
C’est aussi le cas de ces pots que l’artiste a habillés de « mains négatives » : Sylvian Meschia les a créés pour prendre place dans la grotte, ce qui lui donne une allure préhistorique et contemporaine à la fois.
L’artiste a repris le principe du jardin empli de souvenirs mais là encore en cherchant à lui  donner une nouvelle identité. «Mais l’idée est bien la même : faire sortir la céramique des salles d’expo pour l’emmener ailleurs, dans d’autres univers ». Et voilà comment les phares d’un vieux tacot s’avèrent en fait être de solides assiettes en terre cuite. Et la machine à écrire elle-même a été plongée dans un bain de terre cuite : après tout, l’écriture est vieille de 3000 ans… pourquoi pas la machine qui va avec…

Mais seul un œil à l’affût pourra remarquer tout ce qui se cache dans ces décors où l’œuvre finit par être un élément parmi d’autres.

A.D.

Rencontre publiée en mai 2017

BIO

Sylvian Meschia, l’artiste

Né en Algérie, Sylviain Meschia a une solide formation de céramique, acquise en France, en Tunisie et en Grande-Bretagne dans les années 70.
Il travaille depuis les années 80 dans son atelier-galerie de Rieux-Volvestre (31).
Il a fait l’objet de très nombreuses expositions en France et à l’étranger et est intervenu entre autre au Cnifop (Centre international de formations et spécialisations à la céramique) ou à l’Ecole des Beaux-Arts de Barcelone.
Ses pièces sont visibles dans différents musées, comme le Musée de Vallauris, celui de Faenza (Italie), le Musée national de la céramique (Sèvres) ou le Musée Dubouché à Limoges.
La Revue de la Céramique et du Verre ainsi que diverses revues nationales et étrangères lui ont consacré plusieurs articles et dossiers.

Site web de l’artiste

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